Le char léger Renault R-35.

 




"" Les R-35, employés selon des théories périmées ""

Maquette RPM au 1/72.     Référence : 72 214.





Historique : Les deux premiers paragraphes page 40, du livre Blindés par Eric Morriss aux éditions Fernand Nathan 1976.

Connaissance de l'Histoire, Blindés de 1944-1945 n°6 (profils et Histoire), aux éditions Hachette, 4ième trimestre 1981.

Les Blindés de la Seconde Guerre mondiale, par Eric Grove, aux éditions Atlas Paris 1977.

8 paragraphes page 157-158 et 159, du livre les Véhicules Blindés français 1900-1944, par Pierre Touzin, aux éditions E.P.A. 1979.



Réalisation maquette, diorama et photos, par mon ami Bruno Rondeaux.





Historique : Dans ses phases finales, la Première Guerre mondiale avait évolué en guerre de chars, bien que le cessez-le-feu fut proclamé avant que la véritable puissance du char ait pu être démontrée. Si, par exemple, Fuller (1) avait pu mettre en oeuvre son fameux plan 1919, l'Europe occidentale aurait vu un déploiement des chars et de l'aviation d'une ampleur sans précédent et beaucoup de questions laissées sans réponse au sujet du potentiel stratégique de ces nouveaux systèmes d'armes auraient été résolus. Au lieu de cela, ces résultats fournirent la matière de débats, spéculations, parfois controverses acerbes dans la période de l'entre-deux guerres.

La France avait terminé la guerre avec la plus grande armée et la plus grande réserve de chars. elle était en tête dans la tactique et le déploiement des chars. Mais le petit char Renault F.T., qui avait fourni la masse des 3 000 chars français, ne convenait qu'au soutien de l'infanterie. Quand les temps furent révolus, cette multitude de chars légers, ajoutée aux problèmes des restrictions économiques, signifiait que la doctrine française des blindés avait plus d'une décennie de retard. Mais le Renault F.T., char efficace en lui-même, fut le point de départ de progrès futurs.

1) Le colonel, plus tard général de brigade J.F.C. Fuller qui, vers la fin de la guerre, dirigeait la pensée britannique en matière de blindés.


En 1933, pour assurer le remplacement des chars F.T. 17 (Sur le sujet voir le blog en date du 11 octobre 2016), de la Grande Guerre, l'autorité militaire mit à l'étude un char de six tonnes ayant les caractéristiques suivantes :

-- Équipage de deux hommes.

-- Armement constitué par une mitrailleuse de 7,5 mm, ou un jumelage de même calibre, ou un canon de 37 mm CS.

-- Masse : 6 tonnes dans le projet initial, portée à 8 tonnes le 22 mai 1934 avec l'adoption d'un blindage de 40 mm au lieu de 30 mm. Ce chiffre devait représenter la masse à pleine charge mais sans l'équipage ni les minutions.

-- Vitesse maximale : 15 à 20 km/h.

-- Autonomie : 40 kmù.

-- Pente maximale : 65 %.

-- Possibilité de manœuvre sur des pentes de 40 %.

-- Stabilité transversale sur des pentes de 60 %.

-- Franchissement de gué de 1,20 m.

-- Encombrement minimal.

-- Chenilles entièrement métalliques.

-- Pression unitaire sur sol dur : 4,5 kg/cm².

-- Pression unitaire sur sol mou : 0,6 kg/cm².

-- Garde au sol minimale : 35 cm.

-- Moteur à essence ou gas-oil fonctionnant quelle que soit l'inclinaison.

-- Autonomie de fonctionnement sans ravitaillement : 8 heures.

-- Deux réservoirs de carburant capables chacun d'assurer au moins une heure de marche.

-- Allumage par magnéto ou système mixte.

-- Thermomètre d'eau.

-- Rayon de virage : 4 m.

-- Freinage sur 3 m et permettant la manœuvre du char à 10 km/h sur une pente descendante de 40 %.

-- Épaisseur maximale du blindage : 40 mm.

-- Cloison pare-feu étanche.

-- Facilité d'accès aux organes mécaniques.

-- Deux issues pour l'équipage.

-- Ventilation efficace.

-- Surpression interne de plus de 20 mm d'eau par rapport à l'extérieur.

-- Quatre constructeurs participèrent à l'étude de ce nouveau matériel : Renault, les Forges et Chantiers de la Méditerranée (F.C.M.), Delaunay Belleville et la Compagnie Générale de Construction de Locomotives (Batignolles-Châtillon).  

Le Renault R-35, char léger de 9,8 t armé d'un canon de 37 mm et qui, dans certaines unités de l'armée française, remplaçait les vieux F.T. datant de la Première Guerre mondiale.
Source: Blindés aux éditions Fernand Nathan 1976.


Dans les années vingt, la nécessité se fit sentir de trouver un remplaçant au tank léger Renault F.T. 17 de soutien d'infanterie utilisé pendant la Première Guerre mondiale, et les premières études aboutirent au char D de 14/20 tonnes. En août 1933, à la suite de manœuvres combinées, ces types D furent reclassés comme chars moyens, et une nouvelle demande de char léger fut émise. A la suite du commencement du réarmement allemand, des spécifications plus détaillées furent établies en mai 1934 concernant un tank de 8 tonnes, blindé à 40 mm, à l'épreuve des armes antichars du moment, et un armement de mitrailleuses ou un canon de 37 mm. La vitesse requise n'était que de 15 à 20 km/h, et le rayon d'action de 40 km en raison de son emploi traditionnellement limité de char de soutien d'infanterie.
Renault fut le premier constructeur à répondre à la demande originale en présentant à la fin de 1934 un nouveau char ZM inspiré de leur plus récent modèle AMR (automitrailleuse de reconnaissance) de cavalerie. Ce prototype ne portait qu'un blindage de 30 mm seulement et, recuirassé selon les dernières spécifications, il atteignit le poids de 10 tonnes. A la suite de la détérioration de la situation internationale, ce projet, corrigé, désigné char léger modèle 1935R, fut mis en fabrication avant même d'avoir été complètement essayé. Deux autres projets furent présentés par Hotchkiss et FCM dont l'intéressant mais coûteux type 36 à moteur Diesel, produit en petite quantité (100 chars).
Le Renault R-35 était de construction mixte, avec trois éléments de superstructure coulés et montés sur un soubassement blindé. Les plaques latérales portaient les suspensions, composées de chaque côté de 5 roues caoutchoutées articulées l'une sus l'autre au moyen de bras oscillants coudés agissant sur des blocs de caoutchouc. La puissance du moteur arrière était transmise aux barbotins avant à travers une boîte de vitesses placée dans le compartiment d'équipage à la droite du conducteur. La direction était du système Cletrac à freins à bande, agissant sur un différentiel simple commandé par les leviers de direction. A partir de 1938, des barres de soutien furent montées à l'arrière pour améliorer le franchissement des coupures. La vitesse de ce char était bien de 20 km/h, mais des réservoirs supplémentaires de carburant augmentèrent l'autonomie jusqu'à 140 km.
Le prototype était armé de 2 mitrailleuses, mais les chars de série reçurent un canon de 37 mm et une mitrailleuse coaxiale dans une tourelle coulée de APX-R. L'arme montée en série était le canon court SA 18 (21 calibres), soit dans sa version originale sur les premiers tanks, soit le dernier M37. Quelques chars furent encore par la suite équipés du canon SA 38 de 33 calibres à plus grande vitesse initiale et au moins deux R-35 expérimentaux reçurent des tourelles FCM, l'une coulée et l'autre soudée.   

Équipages d'un groupe d'escadrons de chars Renault procédant à l'entretien de leurs engins au cours de la bataille de France de mai-juin 1940.
Renault R-35 des forces de Vichy capturé par les Anglais au Liban.
Source des deux photos: La revue Connaissance de l'Histoire, Blindés de 1944-1945 n°6.
Le Renault R-35 prototype est du type ZM. Il a des trains de roulement d'un nouveau modèle. La tourelle est prévue pour deux mitrailleuses. Elle ne sera pas retenue.
Cette AMR-35 appartenant au 1er régiment de Dragons de Pontoise défile à Paris le 14 juillet 1939. Elle est armée d'une simple mitrailleuse Reibel de 7,5 mm.
Source des deux photos: Les véhicules blindés français 1900-1944 aux éditions E.P.A. 1979.


Une nouvelle génération du R-35 apparut en 1940. Généralement désigné R-40 ou AMX-40, le nouveau tank était produit par les Ateliers de Construction d'Issy-les-Moulineaux, filiale de Renault avant la nationalisation. La nouvelle suspension du R-40 était dérivée de celle du char B et de celle du char moyen expérimental AMX-38. Six paires de petites roues montées en bogie de chaque côté étaient connectées à 3 axes de pivotement centraux donnant un supplément de garde au sol et de meilleures évolutions en tout terrain. Deux bataillons de R-40 (90 tanks) combattirent pendant la bataille de France, certains chars avec le canon SA 18 M 37, d'autres avec le SA 38.
Entre 1935 et 1940, 1 600 chars R-35 standards furent fabriqués et environ 850, constituant ainsi le type le plus nombreux au combat, étaient déployés en première ligne face à l'assaut allemand. Seize bataillons organiques étaient équipés de R-35, à raison d'au moins une unité pour chacune des 9 armées. Bien que supérieur à la fois aux PzKpfw I et II en puissance de feu et à tous les chars allemands quant au blindage, l'effet du R-35 fut très limité. Le canon à faible vitesse initiale (420 m/s) qui l'équipait n'était pas une arme antichar efficace, alors que le R-35 ne résistait pas aux coups du canon de 50 mm des plus récents PzKpfw III et du 75 mm des PzKpfw IV. Conçu comme char d'infanterie, sa vitesse et son autonomie étaient trop limitées et la radio, dispensée par son rôle de soutien rapproché, ne fut montée tardivement, et comme pour réparer un oubli, que sur certains véhicules en 1940.
Dans les engagements blindés coordonnés, la tourelle monoposte du chef de bord/tireur entraînait des responsabilités particulières. Les possibilités d'observation étaient limitées et, dans une situation compliquée, il devait être impossible à la fois de donner des ordres convenables et de manipuler la tourelle et l'armement. C'était d'ailleurs déjà difficile dans les opérations de soutien d'infanterie en progression lente pour lesquelles ce tank avait été conçu, et, quand elle était montée, la radio ne faisait que compliquer la tâche du chef de char. Ce qui est certain, c'est que, dispersés au sein des différentes armées et employées selon des théories périmées que leur conception reflétait les R-35, dont les contre-attaques semblaient condamnées d'avance, ne comptèrent pratiquement pas dans ces combats d'un nouveau style.
Après l'armistice, le R-35 continua à servir outre-mer, et notamment dans la défense de la Syrie et de l'Afrique du Nord contre les Alliés. La Wehrmacht en modifia un grand nombre en adoptant des trappes de coupole relevables et des équipements radio dans la caisse. Environ 200 tanks de ce type furent expédiés en Russie pour des missions de reconnaissance, fait qui révèle la grave pénurie de chars en Allemagne.
Les Allemands cédèrent deux bataillons de R-35 originaux aux Italiens qui les employèrent contre les forces américaines débarquées en Sicile en 1943. Ce char fut en service dans d'autres armées. Après essais de deux R-35 en 1938, les Polonais en reçurent 53 exemplaires sur une commande de 100 passée l'année suivante. Ils furent détenus sans combattre, par les Roumains, qui en importèrent d'autres directement de France, tandis que la Yougoslavie et la Turquie en achetèrent un certain nombre. En tout, 240 R-35 furent exportés.  

La caisse de la version améliorée du R-35, le Renault R-40 produit par AMX et qui ne put équiper que deux groupes d'escadrons de chars légers avant l'Armistice de 1940.
Formation de R-35 de l'armée roumaine. Le gouvernement roumain avait acheté une cinquantaine de chars de ce type avant le début de la guerre.
Renault R-35 du 131e régiment de chars de l'armée royale italienne, passé en revue sur une route de Sicile par Sa Majesté le Roi Victor Emmanuel en janvier 1943.
Renault R-35 modifié par suppression du tourelleau de tourelle, utilisé par les Allemands contre des partisans communistes.
Source des quatre photos: Connaissance de l'Histoire, blindés 1944-1945, n°6 aux éditions Hachette 1981.
Un R-35 capturé, transformé en chasseur avec une pièce antichar tchèque de 47 mm.
Source: Les blindés de la Seconde Guerre mondiale, aux éditions Atlas 1977.


"" Les R-35 pose de fascines et saute-mines ""

Tous les véhicules, et même les chars, ont des difficultés à se mouvoir en terrain difficile et à franchir les obstacles telles les tranchées ou les tous d'obus. Pour palier cet inconvénient, divers dispositifs de lance fascines sont expérimentés sur des R-35, par des corps de troupes de fin 1939 à début 1940.
Des essais officiels de saute-mines entrepris à la fin de 1939, semblent offrir de plus grands avantages. Le Capitaine Schwob conçoit un appareil constitué de boulets hexagonaux qui doivent être traînés par un support fixé à l'avant d'un char. Des essais entrepris le 23 novembre 1939, à Satory, avec un appareil de démonstration traîné par un R-35 permettent de tester diverses masses de boulets de 10, 30 et 90 kg. Le projet est jugé intéressant bien que le problème d'attache et de largage du support et la remise en état des masses détruites n'aient pas été abordées. Un autre saute-mines, le SY 4 est essayé en février et en mars 1940. Il consiste en un système de rouleaux ajourés ou non; qui est poussé à l'avant d'un char par deux bras. L'expérimentation faite avec un seul de ces bras monté à l'avant droit d'un R-35 donne des résultats encourageant. Il n'a pas été possible de savoir si ce dispositif a été adopté mais nous verrons qu'après la guerre, un char B-1 Bis, est équipé avec un appareil de même principe.
Un autre montage formé d'un bâti supportant des socles de charrues est réalisé et expérimenté à une date indéterminée. Les Anglais reprirent l'idée pendant la guerre. 
Notons que, le 27 mars 1946 un nouveau saute-mines du type palpeur est essayé sur un R-35. Il s'agit de procéder à la destruction des charges de mines posées en France par l'occupant. Les palpeurs qui sont au nombre de 3 ne donnent pas satisfaction et c'est à notre connaissance le dernier montage réalisé avec un R-35. 
Les Allemands qui procèdent à la récupération des véhicules, trouvent 845 R-35 ou R-40. Ils utilisent ces deux types de chars dont il arasent le tourelleau pour le munir de deux volets rabattables dans les opérations de maintien de l'ordre. Ainsi, un R-35 est retrouvé dan les jardins de Luxembourg en août 1944. D'autres exemplaires sans la tourelle servent de tracteurs d'artillerie. Enfin en raison de la pénurie de chars, ils reçoivent sur certains une casemate ouverte armée d'un canon de 47 mm anti-char.
Les Italiens emploient aussi pendant la 2e guerre mondiale des R-35, cédés par les Allemands.
L'Armée française conserve quelques-uns de ces matériels entre 1940 et 1944 mais leur utilisation est contrôlée par les Allemands. Ils sont stationnés au Maroc et au Levant. Ils prennent part à des combats contre les alliés. Quelques-uns sont maintenus en service après la guerre. Elle cède ceux restés au Levant à la Syrie lors de l'indépendance de ce pays. Signalons que des tourelles APX R, destinées à des R-35, R-40, H-35 ou H-39 servent à équiper de Blockhaus du mur de l’Atlantique.

"" Caractéristiques du Renault R-35 ""

Poids : 10 tonnes.
Équipage : 2 hommes.
Armement : 1 canon SA 18 (L/21) ou SA 38 (L/33) de 37 mm approvisionné à 100 coups, 1 mitrailleuse M 1931 de 7,35 mm à 2 400 coups.
Blindage : Avant, côté et arrière de la caisse 40 mm; sommet et ventre 45 mm; toit 30 mm.
Moteur : 1 Renault à essence à 4 cylindres en ligne, refroidi par liquide, 82 ch.
Vitesse : 20 km/h.
Autonomie : 140 km.
Franchissement : Coupure : 1,60 m; vertical, 0,50 m; gué, 0,80 m.
Longueur : 4,20 m.
Largeur : 1,85 m.
Hauteur : 2,37 m.

Plusieurs unités font pendant la drôle de guerre des essais de pose de fascines avec les chars en service. Les dispositifs sont très divers. Voici celui d'un bataillon de la 8e Armée.
Ce R-35 sert à tester le système Schwob de saute-mines. Cet essai a pour but de juger de l'efficacité de boulets de poids divers. Le dispositif définitif était prévu pour fonctionner à l'avant du char.
Un autre système de saute-mines est expérimenté en mars 1940. C'est le SY 4 à rouleaux. Les événements ne permettent pas de poursuivre sa réalisation, mais l'idée est reprise pendant et après la guerre.
Pour protéger les chars contre les mines il n'est pas toujours nécessaire de les faire sauter. On peut aussi les écarter du passage du char. C'est le but de ce dispositif, du type charrue.
Source des quatre photos: Les véhicules blindés français 1900-1944 aux éditions E.P.A. 1979.


"" Des profils en couleurs ""

"" Un R-35 allemand par Bruno ""






Bruno / Jean - Marie


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