Lockheed AH-56A "Cheyenne".

 




"" Dix prototypes furent construits ""



Historique : Les deux premiers paragraphes page 61, de l'Encyclopédie des Armes, volume 1, aux éditions Atlas, Paris, 1984.

La revue Aviation Magazine International n°470, du 1er juillet 1967, aux éditions OJD, (article de Jacques Gambu, photos de Howard Lévy).




Historique : Depuis leur première apparition au-dessus du champ de bataille, lors de la guerre de Corée, les hélicoptères ont subi une profonde mutation. Utilisés en grand nombre par l'armée française contre l'insurrection algérienne et engagés de façon massive par les Américains en Asie du Sud-Est, ces engins disposent à présent d'équipements électroniques et optiques perfectionnés, de même que de blindages qui leur confèrent une imposante capacité de résistance au feu de l'adversaire.

Pour diverses raison fondamentales, contraintes structurales, fatigue du métal due aux vibrations, recherche de profils aérodynamiques adaptées, l'évolution technologique de l'hélicoptère a été longue et difficile. Aujourd'hui encore, ces facteurs jouent un rôle considérable dans le développement de ces machines, si bien que les voilures tournantes modernes affichent des performances inférieures à celles des avions qui se présentent comme leurs équivalents. Mais s'ils sont de ce fait très vulnérables, ces engins n'en offrent pas moins différentes qualités, maniabilité et possibilité de vol stationnaire, qui en font les seuls véritables appareils volants réalisés par l'homme, si l'on se réfère à la manière dont volent les oiseaux ou les insectes. Ces caractéristiques ont favorisé la mise au point de machines de combat de plus en plus efficient et susceptibles d'être employées dans une gamme de missions sans cesse plus étendue.


Il semble bien que la firme Lockheed soit en train de se forger une réputation toute nouvelle en matière aéronautique et ceci dans le domaine pourtant bien exploité de l'hélicoptère.

Suivant en cela l'exemple de Boeing, Lockheed entre en lice, mais avec des productions personnelles et non pas au moyen plus simple du rachat d'une firme existante.

Depuis de longues années, Lockheed a entrepris une étude complète sur la formule du rotor rigide. Les spéculations techniques furent bientôt suivies de la réalisation d'un premier prototype, le Model 475 qui donna les premiers enseignements et aussi les premières promesses. Ce fut ensuite le Model 286 qui est rapidement devenu l'hélicoptère le plus avancé de son temps. En effet, il devint le premier à être capable de "passer" la voltige classique puis, muni d'un réacteur d'appoint et d'une petite , il fut également à voilure tournante, près de 430 km/h.

De tel résultats ne pouvaient rester sans lendemain.

C'est sans surprise que nous avons appris que Lockheed avait été finalement retenu pour assurer le développement du nouvel hélicoptère armé dont l'US Army a tant besoin au Vietnam.

Le plus évolué des hélicoptères actuels est sans conteste le Lockheed AH-56A "Cheyenne" destiné à l'appui-feu et à la protection des hélicoptères de transport tactique (Photo Howard Lévy).

Source: La revue Aviation Magazine International n°470 du 1er juillet 1967.


"" Lockheed Model 475 "" 

Hélicoptère à rotor rigide Lockheed Model 475 en cours d'essai à Rosamund Dry Lake (Edwards Air Force Base) en Californie au milieu des années 1960.
Source: La revue Aviation Magazine n°375 du 15 juillet 1963.

"" Lockheed XH-51 Model 286 ""

  
Si le XH-51N ne fut jamais construit en série, les deux appareils produits par Lockheed servirent, entre autres, à transporter plus de cinq mille personnes à l'occasion de vols de démonstration.


Un hélicoptère hybride : Parmi les études développées par Lockheed dans le cadre du programme LOH d'hélicoptères légers d'observation figure le Model 186 qui reçut la désignation XH-51. L'USAF et la Navy qui désiraient se doter d'un hélicoptère léger à hautes performances en commandèrent deux exemplaires. Le premier prototype vola le 2 novembre 1962. Un rotor quadripale au lieu du tripale fut ensuite monté pour améliorer la stabilité et les qualités en vol de l'appareil.
Cet extravagant XH-51A Compound : Le second prototype subit diverses modifications tendant à donner à l'hélicoptère des apparences d'avion. En effet, une voilure de cinq mètres dix-huit d'envergure fut ajoutée et un turboréacteur développant mille trois cent quinze kilos de poussée installé sur le flanc gauche de la cabine. Cet étrange objet volant atteignit la vitesse record de quatre cent quatre-vingt-sept kilomètres à l(heure en juin 1967.
La technologie victime de ses coûts de production : De ces études sortirent tout de même en deux exemplaires un étonnant Model 286 dérivé d'un troisième prototype mis au point pour la NASA et qui servit de banc d'essais au Centre de recherches de Langley. Bien qu'affichant de réelles qualités de robustesse et de rapidité, et malgré une commande de douze exemplaires, le XH-51N ne fut jamais produit en série, son prix de revient se révélant trop élevé.
Caractéristiques : Type, hélicoptère léger d'observation; moteur, 1 turbopropulseur Pratt et Witney Canada PT6B-9 de 550 ch (410 kW); performances, vitesse maximale, 280 km/h; plafond pratique, 4 000 m; distance franchissable, 565 km; masse à vide, 1 200 kg, maximale au décollage, 1 860 kg, dimensions, diamètre du rotor, 10,67 m; longueur, 12,83 m; hauteur, 2,48 m. 

Source : Fiche technique Edito-Service S.A. aux éditions Atlas (Collection Bernard Thouanel).

L'hélicoptère expérimental Lockeed Model 286 a prouvé la validité et les avantages du rotor rigide. Le voici effectuant un tonneau complet réussi.
Source: La revue Aviation Magazine n°470 du 1er juillet 1967.


"" Le Lockheed AH-56A "Cheyenne" ""

L'US Army voulait un appareil ADAV capable d'une foule de choses et, rompant délibérément avec les habitudes prises jusqu'alors, d'adapter plus ou moins heureusement les hélicoptères actuels à des missions pour lesquelles ils n'étaient point faits.
Il fallait dons les remplacer par un matériel spécialement conçu. D'où le programme AAFSS (Advanced Aerial Fire Support System) visant la fourniture d'un hélicoptère armé capable des principales missions suivantes : protection contre le feu adverse venu du sol des hélicoptères d'appui transportant des hommes de troupe ou des commandos; cette protection commence lors du convoyage lui-même et s'étend jusqu'au débarquement des hommes héliportés. Cela implique un arrosage permanent des zones survolées et des environs du point de débarquement prévu. A cela, ajoutons l'appui-feu aérien des troupes engagées au sol et le nettoyage de la zone à conquérir, sans oublier la protection des bases avancées d'hélicoptères. 
D'où un armement de base comprenant, à la demande, mitrailleuses, canons, lance-grenades, lance-roquettes et engins antitanks.
En bref, le nouvel appareil doit être un hélicoptère d'armes à l'exclusion de toute autre chose, et sa polyvalence n'est que le fait de la variété d'armement dont il est capable.
Lockheed a pris la maîtrise d(oeuvre de l'ensemble du système d'arme comprenant le vecteur lui-même, l'équipement électronique de bord assurant la navigation et la conduite de tir, les armements divers et l'environnement-sol.
A ce jour, tout s'est déroulé selon les pins prévus. Les phases I (avant-projet, études) et II (prototypes de vol) sont maintenant atteintes avec la fabrication de 10 prototypes du "Cheyenne". Le premier vient de sortir d'usine le 3 mai 1967 (voir photo ci-haut) et ses vols initiaux sont attendus pour le mois de septembre. Le dixième exemplaire devra être livré en juillet 1968.
Quant à la phase III du programme, il visera la production de série qui sera décidée aussitôt que les essais techniques et opérationnels auront apporté leur verdict.
Il est probable que cette production sera entamée avant que le dixième prototype sorte d'usine, les derniers exemplaires devant assurer l'expérimentation opérationnelle du système.
On aura alors suffisamment d'éléments de jugement pour pouvoir lancer la série sans trop d'aléas.  

AH-56A "Cheyenne", un des prototypes en essais.
Source: Les avions militaires du monde, aux éditions Docavia / Editions Larivière 1974.


"" Un combiné raisonnable ""
Avec le "Cheyenne", on sort des stades d'études d'une formule. Il faut produire un appareil servant à quelque chose de bien difini et précis. Cela implique donc le choix d'un compromis dans lequel l'audace n'a plus beaucoup de place.
D'où la formule du combiné et la configuration générale de l'appareil. Celui-ci se présente comme un hélicoptère à rotor rigide auquel on a adapté une voilure fixe et une hélice propulsive.
Un seul turbomoteur entraîne l'ensemble de la chaîne mécanique. De la boîte de transmission principale, partent l'arbre d'entraînement du rotor sustentateur, puis, vers l'arrière, les deux arbres assurant le mouvement du rotor anti-couple et de l'hélice propulsive.
Le rotor anti-couple tourne en bout du plan gauche du stabilisateur, cependant que l'hélice tripale de propulsion est à l'arrière de la poutre de queue et dans l'axe de la machine.
La voilure fixe comporte deux petits ailerons utilisés en roulis à grande vitesse. D'une surface totale de 24,15 m², cette voilure est construite en deux éléments, droit et gauche, reposant sur deux longerons. Le bord d'attaque est à double peau de revêtement collée, cependant que le bord de fuite est en plastique, à nid d'abeilles.
Une structure sensiblement identique est retenue pour les empennages, mais les bords de fuite sont des remplissages en nid d'abeilles afin de prévenir la fatigue acoustique de ces éléments se trouvant à proximité du rotor de queue et de l'hélice propulsive.
Le fuselage, traité en semi-monocoque, repose sur quatre longerons usinés. Il est construit en trois parties. La partie avant comprend les deux poste de l'équipage en tandem. A l'avant, le mitrailleur-observateur sert les armes choisies. Il est protégé, comme le pilote qui lui fait suite sur un siège surélevé, pas d'importantes plaques de blindage.
Le poste est recouvert d'une très large verrière. Le mitrailleur avant dispose de deux travées s'ouvrant vers le haut, cependant que la verrière du pilote coulisse d'un seul tenant vers l'arrière. Pour accéder à leur poste, les deux hommes d'équipage doivent aborder leur appareil par l'arrière, monter sur le bulbe latéral droit au moyen d'un escalier escamotable, puis cheminer vers leur siège en marchant sur le bulbe et en empruntant enfin une sorte de marchepied escamotable dans la paroi du fuselage, au droit des postes.
La partie centrale du fuselage reçoit le train d'atterrissage à sa base et le turbomoteur à sa partie supérieure. Ce turbomoteur est un General Electric T64-16 de 3 400 ch sur l'arbre.
Le train principal de faible voie, s'escamote dans les bulbes latéraux, à l'arrière de l'aile, la partie avant de ces bulbes contenant les réservoirs de combustible. La roue arrière est portée par la dérive. Cette dérive, parfaitement fixe, protège également les deux hélices arrière de la proximité du sol.






Un rotor rigide devrait s'appeler plus correctement rotor élastique. On voit ici l'attache d'une pale avec tête en croissant (photo du haut), dont on assiste à l'usinage sur un tour à plateau horizontal. Les quatre bras, d'un diamètre de 3,05 m, sont une seule pièce en titane, ce qui donne une idée de l'avancement de la technique (photo du bas).

Cette forêt de rotors, de voilure et d'empennages ne traduit pas forcément la complexité du "Cheyenne" dont on attend, au contraire, un progrès sensible dans ce domaine. L'utilisation militaire exige, d'ailleurs, cette qualité.

Accès à bord en deux temps. Deux marches escamotables à l'arrière, puis un marche-pird, également escamotable, à l'avant du fuselage.

Plan trois vues du Lockheed "Cheyenne".

Source des cinq photos: La revue Aviation Magazine International n°470 du 1er juillet 1967.

"" Le "Cheyenne" et sa fin ""

Une nouvelle génération d'hélicoptère de combat : En 1965, l'armée américaine lance, avec le programme AAFSS (Advanced Aerial Fire Support System), des recherches sur une nouvelle génération d'hélicoptères de combat capables de voler à quatre cents kilomètres-heure avoir une autonomie de quatre mille kilomètres et un plafond opérationnel de mille huit cent cinquante mètres.

Les recherches furent développées à partir du projet CL-840/187 présenté par la firme Lockheed. Une commande de dix hélicoptères Model 187/AH-56A "Cheyenne" destinés à l'expérimentation fut passée en 1966.

Sous le signe indien : Des essais statiques au sol furent effectués sur le premier prototype et les essais en vol débutèrent le 21 septembre 1967. Après des débuts prometteurs sanctionnés par une commande de l'US Army sur trois cent soixante- quinze appareils, les ennuis commencèrent pour le "Cheyenne". Des signes d'instabilité et des vibrations inquiétantes apparurent. Malgré plusieurs modifications, le troisième appareil se désintégra en vol le 12 mars 1969 après qu'une de ses pales eut touché le fuselage. Cet accident porta un coup fatal au programme, et l'armée américaine dénonça son contrat.

Le dernier "Cheyenne" au musée : Le Lockheed AH-56A était un hélicoptère biplace dont les postes de pilotage à deux niveaux étaient recouverts par une verrière offrant une large visibilité, y compris vers le bas. Le fuselage, assez allongé, était doté d'une courte voilure en forme de flèche pouvant supporter de nombreux armements. Parmi les points positifs du "Cheyenne", il faut souligner sa très grande manœuvrabilité et son utilisation comme plate-forme de tir. Après l'aba,don du programme, tous les exemplaires furent ferraillés sauf un, exposé au Musée aéronautique de l'US Army de Fort Rucker.

"" Caractéristiques du "Cheyenne" AH-56A ""

Type : Prototype d'hélicoptère de combat.

Moteur : 1 turbopropulseur General Electric T 64-GE-16 de 3 925 ch (2 924 kW).

Performances : Vitesse maximale, 405 km/h; plafond pratique, 7 600 m; distance franchissable, 4 650 km.

Masse à vide : Avide, 5 315 kg; maximale, 9 980 kg.

Dimensions : Diamètre du rotor, 15,40 m; longueur, 18,31 m; hauteur, 4,15 m; surface alaire, 24,15 m².

Armement : 1 mitrailleuse de 7,62 mm, ou 1 canon de 30 mm, ou 1 lance-grenades de 40 mm; ainsi que 6 missiles ou 6 roquettes.     

Cette vue représente le Lockheed YAH-56A-LO lors des premiers essais de tir en vol, au-dessus du polygone de Yuma Arizona).

Source photo et article: Fiche technique Edito-Service S.A. aux éditions Atlas (photo S. Nicolaou).

Lockheed AH-56A "Cheyenne", tirant ses roquettes, année 1971.

Source: La conquête de l'Air aux éditions Albin Michel, Paris, 1973.



Jean - Marie



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