Le vent divin, l'histoire des "Kamikazes".

 



"" Les Samouraïs des temps modernes ""


Maquette Brengun au 1/72.     Référence : BRP 72 029.




Historique : L'Encyclopédie de l'Aviation Mach 1, volume 5, pages 1461 - 1462 - 1463 - 1464 et 1465, aux éditions Atlas, Paris, 3e trimestre 1980.



Réalisation de la maquette : M. Laurent Jeannot, du Maquette Club Thionvillois (57) France.



Sur le sujet voir aussi : La revue le Fanatique de l'Aviation, n°66 de mai 1975.

De Guadalcanal à Hiroshima, aux éditions Edito - Service S.A., Genève, 1981.

La revue Batailles Aériennes n°19 (Sur les Kamikazes, un numéro qu'il faut posséder) de janvier - février et mars 2002.

Et bien sur la revue Koku Fan.




Historique : Dans les derniers mois de la guerre, les Kamikazes se sacrifièrent par centaines afin de reculer l'échéance de la défaite pour l'empire du Soleil levant.

Kamikaze... Le mot étonne et effraie la plupart des Occidentaux, qui ont du mal à concevoir qu'il puisse exister des volontaires de la mort. L'enthousiasme que suscita chez les pilotes nippons l'idée de créer des corps de Kamikazes demeure, en effet, incompréhensible à quiconque ignore la mentalité du guerrier japonais traditionnel, considéré dans le cadre de son évolution historique. Pour tout samouraï, l'idée de rendre et de voir des étrangers "fouler le sol sacré du Japon" est intolérable. Il vaut mieux choisir la mort très honorable que l'on se donne delon les rites ancestraux du Seppuku (plus connu en Europe sous le terme de hara-kiri), un rite très ancien du Bushido, le code de la chevalerie nippone. Le Bushido exige par ailleurs la loyauté et la franchise la plus totale envers ses ennemis. Or, ces principes sont à l'évidence bafoués dans toute les guerres moderne, et, bien que l'attaque- kamikaze ait des liens très nets avec le Bushido, elle ne s'est imposée que lentement à l'esprit des dirigeants japonais.


Pendant la guerre russo-japonaise de 1904-0905, l'amiral Heihachiro Togo avait organisé un groupe de "volontaires de la mort" pour bloquer l'entrée de Port-Arthur, mais il leur laissait néanmoins une chance de survie. L'idée du kamikaze proprement dite ne prit véritablement corps que pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans un premier temps, l'état-major imagina l' "Opération rouge",dans le cadre de laquelle les aviateurs ne se voyaient pas encore promis à une mort certaine. Leur objectif se trouvant à la limite du rayon d'action de leurs appareils, ceux-ci étaient nécessairement perdus, mais les pilotes gardaient la possibilité d'avoir la vie sauve.

Mise sur pied en février 1944 l' "Opération rouge"  visait les forces navales américaines stationnées à Majuro (îles Marshall). Elle n'avait guère de chances de réussir, car, pour le mener à bien, il eût fallu des pilotes d'élite, spécialement entraînés. Or, bon nombre de ceux-ci avaint trouvé la mort dans la bataille de la merde Corail et dans celle de Midway en 1942. Quoi qu'il en soit, les Américains quittèrent Majuro le jour où devait se déclencher l'opération, la privant ainsi de son objet.

L'idée des attaques-suicide revient en fait au capitaine de vaisseau Jyo, commandant du porte-avions Chiyoda, qui la soumit au commandement nippon, s'offrant d'ailleurs lui-même en sacrifice. Ses supérieurs estimant qu'elle telle tactique ne suffirait pas à leur assurer la victoire, la proposition fut rejetée.

L'idée fut reprise par le capitaine de vaisseau Okamura, qui avait donné au corps de pilote-suicide qu'il envisageait de constituer le nom de "troupe d'abeilles", par allusion au fait que ces insectes meurent après avoir piqué. Mais l'avance des Américains dans le Pacifique amena l'état-major à prendre en considération sa proposition. Fanatisés par leur empereur, la plupart des Japonais se refusaient, comme le leur enseignait la tradition, à voir les Américains "fouler le sol sacré" de leur pays. Les combattants s'exaspéraient de ne pouvoir utiliser les mêmes méthodes que leur puissant ennemi. Disposant de moyens considérables en matériels et en hommes, celui-ci se préparait à lancer une nouvelle attaque contre les Philippines, secteur dans lequel les Nippons ne disposaient que de forces relativement réduites.

Dans cette optique, il était prévisible que les Américains commenceraient par neutraliser l'aviation ennemie. Ils ne laissèrent pas aux Japonais le temps d'organiser la défense de l'archipel, puisque, dès le 9 septembre 1944, ils bombardèrent la base de Davao. Quelques jours plus tard, les Mitsubishi "Zero" appelés à la rescousse étaient à leur tour anéantis sur le terrain de Cebu (Philippines) : cinquante d'entre eux, soit la moitié du potentiel de chasse disponible dans le secteur, furent détruits. Les survivants furent repliés sur Clark Field et sur Manille, où les unités de chasse entreprirent de se reconstituer avec des matériels dépêchés du Japon.   

Pilotes Kamikazes.  Peinture d'un prisonnier japonais, S. Awata.

Source: De Guadalcanal à Hiroshima, aux éditions Edito-Service S.A., Genève 1981.


Samouraï des temps modernes, les pilotes des corps de kamikazes, fanatisés par l'enseignement d'une tradition conservatrice, considéraient comme un honneur de sacrifier leur vie pour la sauvegarde de l'Empire. Par leur sacrifice, ils espéraient disperser la flotte américaine, comme l'avait fait le "vent divin" d'Izé avec les flottes d'invasion mongoles en 1274 et en 1281 (photo USAF).
Source : L'Encyclopédie de l'Aviation Mach 1, volume 5, aux éditions Atlas 1980.


Ce Zero n'est pas une reconstitution élaborée à partir d'un North American T-6, mais un modèle original conservé sur une base américaine au Japon.
Source: Fiche technique Edito-Service S.A. aux éditions Atlas (Photo Bernard Thouanel).

Cette restructuration était à peine amorcée que les Américains revenaient à la charge. Le début du mois d'octobre fut particulièrement désastreux pour les Japonais. Après Okinawa, qui fut bombardée le 10 de ce mois, ce fut le tour de Luçon et de Formose, et, le 17, l'île de Soulouan était investie.       


Le général Onishi



L'amiral Takajiro Onishi est considéré comme le créateur des unités d'attaque spéciale de la Marine impériale. Il prit durant l'été 1944 le commandement de la 1re flotte aérienne.
Il était un pionnier de l'aviation embarquée japonaise et il refusa jusqu'au bout toute idée de capitulation.
Il se donna la mort le 15 août 1945 (Maru).
Source : Batailles aérienne n°19 de janvier - février et mars 2002.
Devant cette situation, le général Onishi, commandant en chef de la 1re flotte aérienne, se rendit en personne au grand quartier général de Manille. Les Japonais attendaient beaucoup de ce marin, qui avait contribué, avec l'amiral Yamamoto, au développement de l'aéronautique navale et avait participé à l'organisation de l'attaque de Pearl Harbor. Convaincu qu'il était impossible aux Japonais de remporter la victoire, mais refusant néanmoins l'idée de se rendre, Onishi accepta de recourir à des méthodes de combat non orthodoxes. Cest ainsi qu'il créa, le 24 octobre 1944, le premier corps d'attaques spéciales, qu'il dénomma "Kamikazé Tokubetsu Kogetikai", référence à la tempête providentielle qui, au XIII siècle, avait dispersé la flotte de Kubilay Khan, faisant route pour attaquer le Japon. Le peuple nippon tout entier, qui se préparait à la résistance, vit dans ce typhon une manifestation du vent divin d'Izé, le Kamikazé. On attendait des pilotes-suicide que, tel le vent divin, ils dispersent les forces américaines.
Ce premiers corps, constitué de quatre escadrilles ---- "Shikishima" (nom poétique du Japon), "Asahi" 'Soleil levant) et "Yamazakura" (Cerisier sauvage) basées à Mabalacat, et "Yamato" (nom de la région de Kyoto), à Cebu, était placé sous le commandement du lieutenant de vaisseau Seki. Il fut engagé en opérations dans le cadre du plan "Sho", dont le but était de détruire les navires américains mouillés dans le golfe de Leyte.   
  

Le capitaine de vaisseau Yukio Seki commande l'un des premiers raids suicide de la Marine impériale, au sein du 201 Ku. Il périt lors de sa seconde mission (K. Osuo).

07 H 25 : Départ de Mabalacat des avions du 201 Kokutai pour leur première mission Kamikaze; on remarque la bombe de 250 kg emportée par les Zero. Le 02-888 est un vieux A6M2 (Maru).
Source des deux photos: La revue Batailles Aérienne n°19 de janvier-février et mars 2002.


Devant l'afflux de volontaires, d'autre unités furent rapidement constituées. L'encadrement étant confié aux pilotes expérimentés, les candidats aux missions-suicide étaient le plus souvent choisis parmi les étudiants en droit et en lettres, qui étaient les moins utiles à l'arrière et à qui leur culture permettait de sublimer ce geste en se référant à l'histoire de leur pays.
Ils n'allaient certes pas au combat la joie au cœur, mais fiers de consentir au sacrifice suprême pour éviter le déshonneur à leur pays. Ceux qui se désistèrent furent rarissimes; encore étaient-ils motivés non point par la peur mais par le refus d'un certain arbitraire (ne voulant pas qu'on les considérât comme des lâches, ils se faisaient hara-kiri).
Aussi curieux que cela puisse paraître à un Occidental, on offrait des récompenses aux pilotes-suicide.
Tout pilote dont la mort avait permis d'endommager un porte-avions ennemi montait en grade à titre posthume, et sa famille recevait une pension substantielle. Les volontaires, quant à eux, accédaient à la dignité de héros national. La population les vénérait comme des demi-dieux, et, alors que le ravitaillement se faisait de plus en plus difficile, les paysans leur offraient spontanément les meilleurs plats qu'ils pouvaient préparer.
L'esprit kamikaze puisait en outre dans le vieux fonds du shintoïsme, dont les dieux guerriers donnaient la mort. Cette connotation religieuse explique sans doute en partie l'aspect quasi rituel que prenait le départ au combat. Revêtus d'une tunique spéciale -- noire, ornée d'un dragon vert pour les volontaires de l'armée, blanche, avec une fleur de cerisier, pour ceux de la marine --, les kamikazes portaient un foulard blanc autour du cou, et, sous le casque, leur crâne était ceint d'un linge blanc : le "Hachimaki" des samouraïs, qui devint l'emblème des corps d'attaques spéciales. Dans leur ceinture étaient cousues deux pièces de cinq sens (le sen est la cinquième partie du yen). Cet usage était fondé sur le fait qu'en japonais le terme "mort" se dit Shi-sens, locution qui signifie également "quatre sens"; un sen de plus, et c'est, littéralement, "frôler la mort". lorsque les kamikazes montaient dans leurs avions, le commandant de la base les saluait en agitant le drapeau national. L'émotion était grande, tous se rendant compte que personne ne reverrait ces jeunes gens, qui mouraient en s'écriant : "Je plonge !"
La préparation des groupes kamikazes était fort rudimetaire, ce qui n'alla d'ailleurs pas sans provoquer de nombreux accidents au décollage. Inoguchi, chef d'état major d'Onishi, organisa à Formose un centre d'entraînement où les jeunes recrues faisaient un séjour d'une semaine : les deux premiers jours, ils s'initiaient aux principes du décollage; les deux jours suivants, ils étudiaient le vol de groupe; enfin, le reste du temps était consacré à l'étude des différentes tactiques. En effet, les kamikazes devaient soit montés à 6 000 m ou 7 000 m, à cette altitude, les avions ne sont plus visibles du sol, mais les conditions de vol sont telles que les facultés intellectuelles du pilote peuvent être affectées, soit voler au ras de l'eau, pour éviter d'être repérés par les radars adverses. Dans ce cas, après avoir procédé aux manœuvres d'approche, les kamikazes devaient s'élever brusquement pour piquer sur l'ennemi en visant ses points les plus vulnérables, à savoir, pour les porte-avions, l'ascenseur du milieu puis les ascenseurs avant et arrière (les bâtiments dépourvus de pont blindés étaient, quant à eux, pratiquement sans défense).   

Des pilotes du Showa-Tai n°2 au cours de la cérémonie précédent le départ en mission suicide, sur la base de Yatabe, le 14 avril 1945. Ce genre de rituel est quasi obligatoire au sein des unités d'attaque spéciale (K. Osuo).

Les pilotes de Shinbu-Tai n°18 de l'Armée impériale posent devant l'un de leurs Ki-43 III en mars 1945. Cette unité intervient sur Okinawa le 28 avril (K. Osuo).

USS Franklin est très sérieusement endommagé; les incendies dureront cinq heures et 724 marins seront tués ! (Nat. Archives).
Source des trois photos: La revue Batailles Aériennes n°19 de janvier-février et mars 2002.

Lors de la bataille d'Okinawa, l'USS Texas a été une cible majeure des kamikazes. C'est grâce à ses équipes d'artilleurs antiaériens (canons de 40 mm) qu'il échappa à toutes les attaques et s'en sorti indemne.
Source: USS Battleship Texas, aux éditions Hirlé et Communication, 4ème trimestre 2008.


Il existait encore une troisième technique : le bombardement par ricochet : les pilotes devaient alors larguer leurs bombes de telle façon qu'elles ricochent sur l'eau avant d'atteindre leur cible.
Quand le commandement japonais eut admis l'idée d'utiliser les kamikazes, les chercheurs firent preuve d'une imagination surprenante pour améliorer le principe et les résultats de cette tactique. Ainsi furent mises au point les bombes volantes, engins pilotés de 5 m d'envergure, contenant une charge explosive de 1 000 kg et pouvant atteindre 925 km/h. Un cockpit, muni de quelques instruments de vol rudimentaires, permettait au pilote d'effectuer des manœuvres élémentaires. Ces bombes-avions, propulsées par trois fusées, étaient transportées par un bombardier non loin de leur objectif, puis le pilote prenait place dans le cockpit.
Appelées Ohka (Fleur de cerisier) par les Japonais, ces bombes avaient reçu des Américains, stupéfaits, le méprisant surnom de "Baka" (Idiot, en japonais).
La premier version de l'Ohka reçut le nom de "Marudai". Conçue par l'enseigne de vaisseau de deuxième classe Mitsuo Ota, elle effectua ses premiers essais en vol en octobre 1944, et un groupe de pilotes commandés par Motaharu Okamura, l'un des plus grand as japonais, fut spécialement entraîné pour utiliser ces nouveaux engins. Les membres de cette formation, baptisé Jinri Butai (Corps du tonnerre divin) --, qui avait été mise sur pied presque en même temps que le corps de kamikazes, furent très déçus en apprenant que ces derniers avaient inauguré aux Philippines la formule des attaques-suicide. En effet, ces attaques avaient été lancées par des Zero emportant pour la circonstance des bombes de 250 kg, alors qu'un Marudai pouvait, à lui seul, couler un grand navire.


"" L'histoire de l'Ohka ou "Baka" ""

Kazutoshi Nagano

L'enseigne de vaisseau Kazutoshi Nagano fut le pîlote d'essai des Ohka. Il essaya avec succès le K-1 d'entraînement au(dessus de la base d'Hykuri le 31 octobre 1944, avant de passer au Modèle 11 le 22 novembre suivant. Il se tua le 26 juin 1945 en essayant l'Ohka Modèle 22, largué d'un P1Y1 Ginga; bien qu'ayant sauté en parachute, Nagano fut mortellement blessé, sa toile ne s'ouvrant pas complètement (K. Saito). 
Source : La revue Batailles Aérienne n°19 de janvier-février et mars 2002.

La création la plus inattendu fut peut-être le missile piloté des Japonais, le Yokosuka MXY-7 Ohka (fleur de cerisier) qui effectua des attaques-suicides contre les forces américaines du Pacifique.
Transporté jusqu'à 80 kilomètres (50 miles) environ de son objectif par un bombardier classique (habituellement un G4M2 "Betty") l'Ohka était libéré et commandé par son pilote assis dans un étroit cockpit entre l'aile trapue de 5 m (16 ft 5 in) et la queue à double dérive. La plus grande partie du parcours jusqu'à l'objectif s'effectuait en une sorte de vol plané, et bien que l'engin fut incapable d'une manœuvre importante pour se dérober, il était petit et difficile à intercepter. A environ 5 kilomètres (3 miles) de l'objectif le pilote allumait trois fusées à combustible solide situées dans la queue de l'engin, qui pouvait alors atteindre en piqué raide une vitesse d'environ 1 000 km/h (620 mph). Toute la moitié avant du fuselage constituait un cône de charge contenant 1 200 kg (2 645 Ib) de trinitro-aminol).
En son temps l'Ohka était pratiquement impossible à arrêter dès qu'il se trouvait à proximité de son objectif, mais les chasseurs américains s'arrangeaient d'habitude pour détruire l'avion lanceur avant que le missile soit lancé. Cependant de nombreux coups direct furent marqués au cours de ces attaques-suicides, qui furent prises au sérieux en dépit du nom de "Baka" (imbécile en japonais) que leur donna la marine américaine. Vers la fin de la guerre les attaques-suicides japonaises furent surtout exécutées avec des avions classiques chargés d'explosif.
Source: Collection les documents, bombardiers 1939-1945 aux éditions Hachette 1976.    

La version d'entraînement du Ohka, le K-1, était en fait un planeur dont la charge explosive était remplacé par un réservoir d'eau; mais celui-ci fut rapidement ignoré et les pilotes s'entraînèrent à vide. Ce K-1 est peint en orange sur l'extrados et bleu ciel sur l'intrados. On remarque le patin central pour l'atterrissage, et les courtes ailes (Musée Washington D.C.).

Yokosuka MXYZ7, Modèle 11, exposé au Musée de l'Air de l'USMC D.C.
Source des deux photos: La revue japonaise Koku Fan des années 1970.

Écorché du Ohka "Baka" ""

1) Fusée d'ogive à ailettes.
2) Corps de bombe en acier.
3) Charge d'explosifs.
4) Oreille de montage sous l'avion-porteur.
5) Plaque de blindage.
6) Moteurs-fusées à poudre.
7) Tuyère d'éjection des gaz.
8) Charge de poudre propulsive.
9) Dispositif d'allumage.
10) Tube de Pitot.
11) Fusée de culot.
Source: Les fusées par Jean Pellandini aux éditions Presses Universitaires de France 1958.

Équipage rassemblé en vue d'une mission. A l'arrière plan, un G4M2e modèle 24J porte un avion-suicide Ohka. L'appareil porteur, parce que lent et peu maniable, constituait une cible facile pour les chasseurs américains.
Source: La revue l'Encyclopédie de l'Aviation n°171 aux éditions Atlas 

Yokosuka Ohka, appareil monoplace à moteur-fusée développé par les japonais pour des opérations suicide en 1945.
Source: Les avions (1001 photos) aux éditions Solar 2006.


Parmi les nombreux systèmes mis au point par les Nippons, on désignait par le terme de Kamashio (Mer divine) diverses techniques-suicide, au nombre desquelles figurait celle qui consistait à faire transporter des charges explosives par des nageurs.
C'est à Seki que revint l'honneur d'accomplir la première mission kamikaze à la tête d'une formation de quatre Zero, le 25 octobre 1944. Il fut néanmoins un peu déçu, car, il ne rencontra que quelques porte-avions d'escorte, proies nettement moins intéressantes à ses yeux. Après avoir averti les pilotes qui le suivaient, Seki fonça sur les bâtiments américains. Il sélectionna sa cible, en l’occurrence le Santee, avec sang-froid et, bientôt, une terrible explosion bouleversera le ciel du Pacifique. L'équipage du porte-avions, saisi de stupeur, n'avait pas réagi, et la défense antiaérienne était restée muette. Deux autres porte-avions purent éviter la catastrophe. Leurs batteries eurent le temps d'atteindre deux Zero, qui tombèrent à l'eau. Le troisième, plus hésitant, attendit un moment avant de fondre sur le Swanee, où il explosa avec sa bombe. Quelques heures plus tard, les Japonais lançaient une autre attaque du même type. Cette fois, trois avions touchèrent leur but, endommageant trois porte-avions et coulant le Saint Lo. Le lendemain une autre attaque se déroulait dans le golfe de Leyte.
Néanmoins, les plus grandes attaques kamikazes n'eurent lieu qu'après les premiers bombardements de Tokyo par les B-29 américains. La première (6 avril 1945) eut pour objectif la flotte américaine basée à Okinawa.
Les Japonais utilisaient des matériels périmés : vieux hydravions et bombardiers vétustes, Zero en piteux état. Les seuls appareils en bonne condition étaient ceux qui qui devaient encadrer et guider la masse des cinq cents avions mis en ligne. Le mauvais temps s'ajoutant à l'inexpérience de nombreux pilotes, beaucoup d'accidents eurent lieu au décollage. Les Nippons étaient à peine en vue d'Okinawa que, déjà, les Américains réagissaient, prévenus de la menace par leurs radars.
En dépit de leur farouche volonté de vaincre, les Japonais furent décimés par les F6F "Hellcat", rapides, puissamment armés et emportant des équipages surentraînés. Les pilotes nippons n'étaient pas en état de se battre, et, à ceux qui échappèrent au carnage, il ne restait plus qu'à voler droit vers leur but. Probablement épuisés, tous n'eurent pas le sang-froid nécessaire pour sélectionner leurs objectifs. Les pertes japonaises furent catastrophiques : pour deux avions américaine perdus, on dénombra environ 400 appareils japonais détruits.

Carte de la région du golfe de Leyte, montrant des mouvements de flotte.
Source: De Guanalcanal à Hiroshima aux éditions Edito-Service S.A., Genève 1981.

Deux pilotes kamikazes contemplent le drapeau de l'empire du Soleil levant, que l'un deux gardera pour sa dernière mission. Il porte le message "Tout pour l'empereur ! Nous sommes heureux de mourir pour lui" (Photo USAF).
Source: L'Encyclopédie de l'Aviation Mach 1, volume 5, aux éditions Atlas 1980.


Néanmoins, une autre grande attaque fut lancée dès le lendemain. Des 180 avions-suicide engagés dans l'opération, la moitié furent abattus soit par la chasse ennemie, soit par la défense antiaérienne des porte-avions. La tactique du kamikaze semblait donc rester infructueuse. Simultanément, l'étai-major lançait des attaques Ohka, sous le commandement de Kuromaru et essentiellement à partir de Kanoya, dans l'île de Kyu Shul Les premières eurent lieu le 21 mars 1945.
Les porte-avions américains commençant à s'approcher dangereusement des côtes occidentales du Japon, seize bimoteurs Mitsubishi G4M "Betty" équipés d'Ohka prirent l'air, escortés par trente Zero commandés par Goro Nonaka. Cette escorte était insuffisante et se montra totalement impuissante face aux Hellcat américains; la mission se solda par un échec complet, et les pilotes-suicide sacrifièrent inutilement leur vie. Il en fut de même à Okinawa, où rares furent les engins qui touchèrent leur but.
Il est difficile d'établir un bilan exact des pertes américaines et japonaises. Ironie du sort, la source principale d'informations au cours des combats était pour les Japonais la radio américaine, car les kamikazes n'étaient évidemment plus là pour rendre compte de leur mission. Un certain nombre d'évaluations ont toutefois été établies après la guerre. Du côté japonais, il semblerait que les attaques-suicide aient coûté la vie à environ 2 530 aviateurs de l'aéronautique navale et à un nombre à peu près équivalent d'aviateurs de l'armée. Du côté américain, il y eut environ 97 bâtiments coulés (dont 5 porte-avions, 3 porte-avions auxiliaires et 29 croiseurs) et 70 navires endommagés (dont cinq porte-avions, 1 porte-avions auxiliaire, 23 croiseurs et 16 cuirassés). Le nombre des bâtiments incendiés atteignit quant à lui, le chiffre de 19. Par ailleurs, on a dénombré pendant cette même période, 235 avions américains détruits et un, incendié.
Bien qu'importantes en soi, ces pertes peuvent être considérées comme négligeables vu l'énorme puissance des forces américaines. En revanche, les attaques kamikazes eurent un fort impact sur le plan psychologique. La presse et la radio américaines s'efforcèrent d'en minimiser la portée, mais elles firent grande impression sur les combattants qui, jusque-là, ne pouvaient imaginer que des hommes seraient assez fous pour montrer un tel mépris de la mort. Si, de leur côté, ils savaient prendre des risques, c'était youjours avec l'espoir de garder la vie.
Quoi qu'il en soit, les forces engagées par les Etats-Unis étaient trop considérables pour ne pas avoir raison de la plus farouche détermination. La flotte nippone fut définitivement anéantie à Kure et à Yokosoka. Quant à l'aviation, devenue fantomatique, elle se réduisit bientôt à quelques escadrilles dispersées et totalement inefficaces. Les derniers combattants refusaient cependant de se rendre, mais la bombe atomique d'Hiroshima accula le mikado à la capitulation. Comme dans un dernier sursaut, trente kamikazes allèrent s'écraser à Okinawa le 16 août.
Onishi, quant à lui, se fit hara-kiri. Il mourut au bout de douze heures, dans d'atroces souffrances, faisant le sacrifice de sa vie à la mémoire des kamikazes, dont il chantait une dernière fois la louange dans son testament.    

Pause "bain de soleil" pour ces armuriers sur l'aile d'un F6F-3 Hellcat du Squadron 1839 à bord de l'Indomitable en route vers Sumatra en janvier 1945 (photo Popperfoto).
Source: La revue Mach 1 sur le F6F Hellcat, aux éditions Atlas 1981. 

Un bombardier "Betty" et le prototype biplace modèle 24C K.1 Kai (photo Courtesy et Mr. Hobest C. Mikesh).





Un MXY7 Ohka Modèle 11  sur un terrain aux Etats-Unis.
Source des trois photos: La revue Koku Fan des années 1970.

"" Caractéristiques du Modèle 11 ""

Envergure : 5,12 m.
Longueur : 6,06 m.
Hauteur : 1,16 m.
Surface alaire : 6 m².
Poids maximum : 2 140 kg.
Propulsion : 3 fusées type 4 modèle 20 totalisant 800 kg de poussée.
Vitesse maximum : 649 km/h à 3 505 m, (933 km/h en piqué final.
Autonomie : 37 km.
Charge explosive : 1 200 kg.
Avion porteur : Mitsibishi G4M2.
Construits : 755.

"" Caractéristiques du K-1 ""
Envergure : 5,12 m.
Longueur : 6,06 m.
Hauteur : 1,16 m.
Surface alaire : 6 m².
Poids maximum : 2,140 kg.
Propulsion : néant.
Vitesse maximum : -------
Autonomie : ------
Charge explosive : néant.
Avion porteur : Idem Modèle 11 ou remorqué.
Construits : 45.

       "" Les Kamikazes de la marine ""
Source : De Guadalcanal à Hiroshima aux éditions Edition-Service S.A., Genève, 1981. 

Les unités navales qui commencèrent en novembre 1944 à rivaliser avec les pilotes kamikazes n'échappèrent pas à cette tradition et leurs premiers commandos-suicides reçurent le nom de "Kaiten" (Départ pour le ciel). Leur impact n'avait naturellement rien de paradisiaque si l'on en juge par l'effet que produisit le 19 novembre la première "torpille humaine" Kaiten lorsqu'elle toucha le pétrolier Mississinewa et en explosant, mit le feu à 1 800 000 l de kérosène, causant sa perte et la mort de 50 hommes d'équipage.
Les canots à moteur-suicide annonçaient plus franchement la couleur puisqu'ils s'appelaient "Shinyo" (rumeur d'océan).
Ayant jusqu'à 5,50 m de long, faits d'un mince contre-plaqué et pourvus de moteurs automobiles, les "Shinyo" transportaient à l'avant jusqu'à 2 000 kg de TNT. Ils entrèrent en action pour la première fois en janvier 1945 aux Philippines, lorsque 70 "Shinyo" furent lâchés contre une flotte d'invasion américaine dans le golfe de Lingayen. Tous furent décimés par le feu nourri des Américains, à l'exception de six canots qui réussirent tout de même à détruite un navire de débarquement américain et à en endommager hui autres.
Les commandos "Shinyo" comme les commandos "Kaiten" ne furent pas particulièrement efficaces et le gâchis dépassa les prévision des Japonais.
La première offensive "Kaiten", par exemple, leur coûta 12 sous-marins de la catagorie. I, qui transportaient les"torpilles humaines" sur les lieux du combat, et 900 hommes. En contrepartie, les "Kaiten" n'inscrivirent à leur tableau de chasse que deux bateaux en plus du Mississinewa. Les "Shinyo" furent encore plus mal lotis, car la plupart explosèrent dans l'eau avant même d'avoir pu toucher leur cible.
Trois mois plus tard, lorsque les Japonais se furent enfin rendus, on découvrit une grande quantité de matérien kamikaze, dont 190 torpilles "Kaiten", quelques 3000 "Shinyo", 273 mini-sous-marins-suicide, plusieurs douzaines de bombes planantes Ohka, ainsi que des plans pour quatre nouveaux modèles d'avions-suicide.
Deux d'entre eux, une fois de plus porteurs de noms poétiques, le "Baïka" (Fleur de prunier), et le "Kikka" (Fleur de chrysanthème, ou de mandarine), étaient des avions à réaction. Fort heureusement, ces armes ne virent jamais le jour.

Le 2 septembre 1945, sur le Missouri ancré dans la baie de Tokyo, est signée la capitulation du Japon sans conditions. Ils ont perdu 1 140 000 soldats, 700 000 civils; les Américains 90 000 hommes, les Britanniques 227 000 hommes et l'Australie 46 000 hommes.  
 
Une vedette suicide du type  "Shinyo 1" de la Marine impériale capturée par les Britanniques à Picnic Bay, près de Singapour, en 1945 (IWM).

Une torpille pilotée "Kaiten 1" à l'eau, le pilote montant à bord. On remarque l'insigne Kikusui sur le petit kiosque (Maru).
Source des deux photos: La revue Batailles Aériennes n°19 de janvier-février et mars 2002.

Lancement d'une torpille-suicide "Kaiten 1".
Source: De Guadalcanal à Hiroshima aux éditions Edito-Service S.A., Genève, 1981. 

Le Lt Cdr Susumu Takaoka pénètre dans le cockpit du premier "Kikka" (Fleur de mandarine).
Source: La revue Air Enthusiast de mai 1972.


"" Le Ohka Modèle 22 en maquette ""

Laurent nous à réalisé le Modèle 22 sur une base Brengun au 1/72, voici son historique :

Source : La revue Batailles Aériennes n°19, de janvier-février et mars 2002.

Très vulnérable à cause de son porteur, le modèle 11 doit être remplacé par un engin légèrement plus petit et surtout moins lourd, le modèle 22. Il est en fait prévu pour être emporté par une version spécialement aménagé du Ginga, le P1Y3, au fuselage et à l'envergure agrandis. Le Ohka 22 est propulsé par un turboréacteur Tsu 11 d'un poussée de 200 kg, semblable à celui installé sur le Caproni Campini italien.
Si le rayon d'action de l'engin atteint environ quatre fois celui de son prédécesseur, la vitesse elle n'est que de 445 km/h; cela aurait alors rendu la bombe pilotée très vulnérable aux chasseurs américains. L'envergure réduite du modèle 22 rend l'appareil très peu maniable et d'un pilotage très délicat. Durant les essais, on constate qu'il est impossible de faire atterrir l'engin et le pilote doit être équipé d'un parachute ! Le 26 juin 1945, le lieutenant de vaisseau Nagano se tue aux commande d'un Ohka 22 largué d'un P1Y1; bien qu'il soit parvenu à évacuer l'engin hors de son contrôle, Nagamo est mortellement blessé dans sa chute, le parachute ne s'ouvrant pas complètement. Cinquante exemplaires sont malgré tout construits, mais aucun d'eux n'est utilisé au combat.  
 
Le chasseur de nuit Kugisho "Ryokko" (P1Y2-S) "Ginga" sur le tarmac de l'usine Kawanishi à Kobe, le 3 mai 1944.

La dernière version construite, qui fut un échec, fut le Modèle 22, propulsé par un turbo-réacteur de faible puissance. Il ne fut pas utilisé.
Source des deux photos: La revue Koku Fan des années 1970.


"" Caractéristiques du Modèle 22 ""
Envergure : 4,12 m.
Longueur : 6,88 m.
Hauteur : 1,15 m.
Surface alaire : 4 m².
Poids maximum : 1 450 kg.
Propulsion : 1 turbo-réacteur Tsu-11 de 200 kg de poussée.
Vitesse maximum : 445 km/h à 4 000 m.
Autonomie : 130 km.
Charge explosive : 600 kg.
Avion porteur : Yokosuka PIY3.
Construits : 50. 


"" La maquette de Laurent "" 













Jean - Marie




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