Heinkel He 178.

"" Deutschland, durch eine kurze Nase ""

Maquette Spécial Hobby au 1/72.  Référence : 72 192.

Historique : L'Univers des Avions 1848/1939 page 298, par John Batchelor et Malcolm V. Lowe aux éditions Gründ 2005.

La revue Aviation Magazine International n°699 de février 1977.

La revue l'Encyclopédie de l'Aviation n°164 aux éditions Atlas 1984.

Réalisation : La maquette Club 68 Biesheim (France).

Les photos sont de l'exposition de Thionville (57) France.

Historique : L'un des principaux facteurs techniques responsables de la création d'appareils volants capables d'emmener un homme en vol soutenu et contrôlé fut le moteur à combustion interne. Or, moins de quarante après, une source d'énergie tout aussi révolutionnaire apparut et se développa rapidement. Il s'agissait de la turbine à réaction et ses effets sur la locomotion aérienne dans les décennies qui suivirent furent aussi déterminants que ceux du moteur à essence pour des pionniers comme les frères Wright.

Dans deux pays en particulier, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, des individualités raisonnant sur le long terme travaillèrent la question de la propulsion par réaction dès les années trente. En Grande-Bretagne, Frank Whittle poursuivit ses recherches en dépit des obstacles. En Allemagne, l'absence de tout appui officiel, sinon l'indifférence absolue, existait aussi.

Pourtant, en Allemagne, la recherche dans le domaine de réaction put progresser davantage, un peu plus vite et, à court terme, plus efficacement. Les chercheurs Hans Joachim Pabst von Ohain et Max Hahn furent en mesure, dans les années trente, d'étudier à titre privé la propulsion par réaction.

En 1936, ces deux pionniers furent récupérés par la société Heinkel et la réalisation d'une turbine pratique et d'un appareil susceptible d'en être équipé put être entreprise.
A l'automne 1937, le premier moteur de démonstration, le HeS 1, put tourner au banc avec succès. Des essais en vols réussis intervinrent au milieu de l'année 1939 avec un appareil expérimental, le He 118, équipé d'une turbine He3. Tout fut alors réuni pour que le nouveau Heinkel He 178 à réaction fût en mesure de voler.

Le Heinkel He 178 V2 (1939).

Source: German Jets in W.W. II n°348 aux éditions Model Art Co.,Ltd. 1990.

Le Heinkel He 178 est le résultat de l'étude menée par le bureau des projets de la firme Heinkel sous la direction de son directeur technique, le professeur Dr Hertel.

Le premier prototype, le He 178 V1, effectua son premier vol le 27 août 1939, à Marienche, aux mains du pilote d'essai Erich Warsitz. C'était une première mondiale. Cet avion expérimental était, en effet, le premier appareil propulsé uniquement par un moteur à réaction, à prendre l'air.

Il était destiné uniquement aux essais de son turboréacteur centrifuge créé par l'ingénieur Pabst von Ohain. Celui-ci devait étudier ce mode de propulsion (nouveau) dès mars 1936, à l'université de Göttingen, assisté par le professeur Pohl.

Après avoir contacté le Dr Ernst Heinkel, von Ohain était engagé par la société en avril 1936 afin de mener son étude jusqu'au bout.
Un premier moteur, le HeS 1 devait tourner avec un succès non négligeable en septembre 1937. Ensuite de quoi l'étude de HeS 3B sera lancée et le premier modèle sera essayé en vol en juillet 1939, monté sur un He 118.
Le He 178 V1 recevra le second HeS 3B, qui développait une poussée de 450 kg au départ ramenée à 385 kg à 6 000 m d'altitude.
En octobre 1939, Heinkel organisait une présentation officielle de son avion révolutionnaire qui obtiendra un certain succès après ses passages à haute vitesse à basse altitude. A cette époque, Heinkel travaillait sur le biréacteur He 280 tandis qu'un second He 178 était prêt qui ne volera jamais. Le He 178, rééquipé d'un turboréacteur HeS 6 de 590 kgp atteindre une vitesse maximale de 700 km/h.

Le compresseur centrifuge du modèle de garage HeS 1 de Hans Joachim Pabst Von Ohain et Max Hahn. On aperçoit le moteur électrique d'entraînement (Photo DR).  

Max Hahn à côté, du moteur HeS 1 juste avant que les essais ne débutent (Photo DR).

De gauche à droite : Le pilote d'essai Erich Warstiz, Ernst Heinkel et Von Ohain, lors d'un dîner officiel avec les dirigeants du RLM (Photo DR).

Source des trois photos: La revue Aviation Design Magazine n°20 de janvier 2003.

Schéma original de l'ingénieur Wilhelm Gundermann du turboréacteur HeS 3B.

Source: La revue Air Enthusiast d'août 1972.

Le Heinkel He 178 V1 décollant lors de son premier vol.
Source: German Jets in W.W. II n°348 aux éditions Model Art Co.,Ltd 1990.

Décollage du Heinkel He 280 V1.
Source: Secret Aircraft of the Third Reich par David Myhra aux éditions A Schiffer 1998.

"" Caractéristiques du He 178 V1 ""

Envergure : 7,20 m.

Longueur : 7,48 m.

Hauteur : 2,10 m.

Surface portante : 7,90 m².

Masse à vide : 1 620 kg.

Masse maximale au décollage : 1 998 kg.

Vitesse maximale atteinte (avec le HeS 3B) : 632 km/h.

Vitesse d'atterrissage : 165 km/h.

Sauf erreur, je ne pense pas que cette cellule ait été sauvée et figure dans une musée quelconque. Aucune couleur ne lui fut appliquée, même en 1944 !

"" Premier vol d'un avion à réaction ""

En 1913,, dix ans à peine après les premières expériences réussies des frères Wright à Kitty Hawk, le Français René Lorin avait soutenu qu'il était possible de propulser un plus lourd que l'air au moyen d'un réacteur. Mais, bien qu'il en eût défini les principes essentiels, l'ingénieur n'avait alors aucune idée de la façon dont un tel propulseur pouvait être fabriqué.

Le principe de la fusée à carburant solide ou liquide étant plus simple que celui du réacteur, il n'est pas surprenant qu'un de ces engins ait équipé le premier appareil à avoir volé grâce à un moteur à réaction, le planeur "Ente", piloté par Erich Stamer, le 11 juin 1928. Doté de deux moteurs-fusées Sander, cet avion tint l'air, près des montagnes de la Wasserkuppe, en Allemagne, sur un peu plus de 1 km.
Peu de temps auparavant au cours de l'année 1926, l'ingénieur Griffith, du Royal Aircraft Establishment, avait défini les principes de base d'un engin à turbine dans un rapport intitulé An Aerodynamic Theory of Turbine Design ("Une théorie aérodynamique de la conception des turbines"). Il n'en reste pas moins que le spécialiste britannique ne pensait pas à la propulsion à réaction. Il proposait plutôt sa turbine comme un substitut aux moteurs à piston et ne la concevait que comme actionnant une hélice.
De son côté Frank Whittle, un élève du RAF College de Cranwell, ne devait rencontrer que scepticisme quand, en 1928, il écrivit une thèse dans laquelle il proposait le développement d'une turbine à gaz servant à la propulsion à réaction. Les principes que cet ingénieur avait énoncés concernaient un compresseur centrifuge qui envoyait de l'air dans une chambre de combustion où du carburant serait brûlé de manière continue sous une pression constante. 

Frank Whittle à sa table de travail.

Le Power Jets W.1, achevé au début de 1941.
Source des deux photos: La revue l'Encyclopédie de l'Aviation n°19 aux éditions Atlas 1982.

Les gaz chauds ainsi obtenus feraient tourner une turbine qui, elle-même, actionnerait le compresseur. Quant aux gaz, ils seraient éjectés vers l'extérieur par une tuyère, fournissant ainsi la poussée nécessaire à la propulsion. L'officier breveta son idée en 1930, mais ce ne fut pas avant le 12 avril 1937 qu'il fut en mesure de tester au banc un moteur répondant à sa théorie. Quatre autres années passèrent avant que n'intervienne le premier vol du Gloster E.28/39, qui disposait d'un turboréacteur Whittle W.1.

Le Gloster E.28/39 était propulsé, lors du premier vol qu'il effectua, le 15 mai 1941, par un turboréacteur Power Jets W.1 (Whittle).

Source: La revue Airfix Magazine volume 3 number 8 de november 1991.

En dehors de la France, où Leduc se passionnait depuis les années vingt pour un propulseur composé d'une tuyère ouverte aux deux extrémités sans compresseur ni turbine, de nombreux travaux concernant la réaction étaient menées en Allemagne par l'ingénieur Pabst von Ohain. Bien que ce dernier n'ait étudié dans le détail la construction d'un turboréacteur qu'à partir de 1935, il fut plus heureux que Whittle et Leduc et attira l'attention de Heinkel.

Celui-ci, qui avait une vision très lointaine des problèmes aéronautiques engagea von Ohain en 1936, en même temps que son assistant Max Hahn, en vue de leur permettre de réaliser un engin à réaction. 

Erich Warsitz le premier pilote
d'un avion à réaction

Un an plus tard, le HeS 1 était testé au banc. Mais, en raison du carburant auquel il faisait appel,, l'hydrogène, il fut impossible d'envisager son montage sur un appareil volant. Quand au HeS 3, qui fut expérimenté au sol au début de 1938, il fournissait une poussée de 500 kg.

Au milieu de la même année, le propulseur fut placé sur un Heinkel He 118 qui servit de banc d'essai, et le développement poursuivi jusqu'à la mise au point du He 178 sur lequel il devait être installé.
Monoplan à aile haute cantilever de petites dimensions, le He 178 fut conçu autour du HeS 3. Cet appareil effectua un petit saut le 24 août 1939, à Marienehe, avec le Flugkapitän Warsitz aux commandes. Trois jours plus tard, à la veille de l'entrée en guerre de l'Allemagne, l'avion prenait l'air pour de bon, toujours avec le même pilote. Pour la première fois dans l'histoire, un avion avais pris l'air. Mais l'appareil ne devait donner lieu à aucune réalisation pratique.

Vue de face du Heinkel He 178 V2.

Source: German Jet Genesis par David Masters aux éditions Jane's 1982.

Vue arrière du Heinkel He 178 V2.

Source: German Jets in W.W. II n°348 aux éditions Model Art Co.,Ltd. 1990.

Vue de trois quart du Heinkel He 178 V2.

Ce dessin d'arrangement montre le He 178 V1 sous sa forme initiale (c'est-à-dire que les riues principales sont fixées dans les postions d'extension et que les puits de train sont obturés).

Les lignes pointillées dans la vue en plan indiquent la voilure de l'aile du He 178 V2 dans laquelle il était prévu d'installer le He6 offrant une poussée statique de 1 3000 IB (590 kg) à 13 300 tr/min.

Source: La revue Air Enthusiast d'août 1972.

"" La maquette Spécial Hobby au 1/72 ""

Heinkel He 178 V2

Jean - Marie