L'armement des avions français de 1914-1918.
"" C'est tout simplement un hommage à nos aviateurs ""
Historique : Les cinq premiers paragraphes page 170 et 171 du livre, les armes et leurs secrets, aux éditions Atlas 1978.
La revue Aviation Magazine International n°773 et 774 de mars et avril 1980, par Marcellin HODEIR.
"""" Le centenaire de cette cruelle guerre """
"""" Le centenaire de cette cruelle guerre """
Historique : Si l'on admet qu'un engin "moins lourd que l'air (aérostat) peut-être considéré comme "avion", on peut affirmer que l'histoire de l'avion militaire commence en 1794, avec les ballons captifs utilisés par les français sur le champ de bataille de Fleurus. Bien que ces emplois à l'époque napoléonienne et au siècle suivant aient ouvert la voie à l'avion en tant qu'auxiliaire des forces armées, la véritable aviation moderne, aussi bien civile que militaire, naquit avec les "plus lourd que l'air" (aérodyne). Le premier de ceux-ci (l'avion des frères Wright) vola en 1903. En conséquence, l'histoire de l'aviation ne date guerre de soixante- quinze ans. Durant ce temps, d'énormes progrès furent réalisés dans le potentiel militaire de l'avion, faisant de celui-ci d'abord un rival et à présent le maître incontesté, en tant qu'agent principal de destruction, des autres corps des armées.
Les états-majors furent longs à considérer l'avion comme une arme efficace. En 1908, les Américains acquirent un appareil pour tester sa valeur militaire et les autres nations, dans les années qui suivirent, imitèrent cet exemple. Cette hésitation était compréhensible, car les avions étaient d'un fonctionnement incertain et incapables de soulever un volume de charge utile suffisant. Aussi le rôle militaire de ces premiers avions se limitait-il aux missions de reconnaissance. Il faut noter cependant que quelques audacieux emportaient dans leur appareils des armes à feu et des bombes.
La Première Guerre mondiale démontra largement l'importance de l'avion : celui-ci donna rapidement de précieux renseignements sur le mouvement des troupes et l'on comprit très vite qu'il était également capable d'empêcher le vol des appareils ennemis. Ainsi naquirent les premiers "chasseurs", nom qui leur fut donné à l'époque.
La reconnaissance aussi bien tactique que stratégique, visuelle que photographique, l'observation et le réglage de l'artillerie restèrent les principaux objectifs de l'aviation durant la guerre de 1914-1918. Mais le besoin, soit de détruire, soit de protéger tel appareil, conduisit à un développement en dents de scie des diverses machines volantes. Il fut bientôt évident que si l'on pouvait, du haut des airs, voir un objectifs, on pouvait en profiter pour lancer sur lui une charge explosive, sous forme de bombe par exemple. Il en résultat trois types différents d'avions de combat : chasseur, de reconnaissance et bombardier.
Durant la Première Guerre mondiale, le rôle de ces derniers devint de plus en plus important. Allemands, Britanniques, Italiens et Russes principalement utilisèrent au combat de gros avions de bombardement "stratégiques".
Revolver et quelquefois mousqueton Lebel, pour les premiers équipages...
Source: Forces aériennes par Christopher Chant aux édition Fernand Nathan 1976.
Les états-majors furent longs à considérer l'avion comme une arme efficace. En 1908, les Américains acquirent un appareil pour tester sa valeur militaire et les autres nations, dans les années qui suivirent, imitèrent cet exemple. Cette hésitation était compréhensible, car les avions étaient d'un fonctionnement incertain et incapables de soulever un volume de charge utile suffisant. Aussi le rôle militaire de ces premiers avions se limitait-il aux missions de reconnaissance. Il faut noter cependant que quelques audacieux emportaient dans leur appareils des armes à feu et des bombes.
La Première Guerre mondiale démontra largement l'importance de l'avion : celui-ci donna rapidement de précieux renseignements sur le mouvement des troupes et l'on comprit très vite qu'il était également capable d'empêcher le vol des appareils ennemis. Ainsi naquirent les premiers "chasseurs", nom qui leur fut donné à l'époque.
La reconnaissance aussi bien tactique que stratégique, visuelle que photographique, l'observation et le réglage de l'artillerie restèrent les principaux objectifs de l'aviation durant la guerre de 1914-1918. Mais le besoin, soit de détruire, soit de protéger tel appareil, conduisit à un développement en dents de scie des diverses machines volantes. Il fut bientôt évident que si l'on pouvait, du haut des airs, voir un objectifs, on pouvait en profiter pour lancer sur lui une charge explosive, sous forme de bombe par exemple. Il en résultat trois types différents d'avions de combat : chasseur, de reconnaissance et bombardier.
Durant la Première Guerre mondiale, le rôle de ces derniers devint de plus en plus important. Allemands, Britanniques, Italiens et Russes principalement utilisèrent au combat de gros avions de bombardement "stratégiques".
"" L'armement de bord français ""
A la veille de la Première Guerre mondiale, la France possédait cent trente-huit avions militaires, sans armement ! Quatre ans plus tard elle en comptait 4 500 équipés de mitrailleuses et de canons lourds... An même titre que les progrès techniques sur les moteurs et les cellules, l'armement de bord des avions français au cours du premier conflit mondial s'avéra un élément décisif de la radicalisation de la guerre aérienne.
Le 3 août 1914, la France était capable d'aligner 21 escadrilles composées de 6 biplaces et 4 autres formées de 3 monoplaces chacune. Ces unités, totalement assujetties au commandement de l'armée de Terre, étaient exclusivement prévues pour des missions d'observation, de reconnaissance et de réglage des tirs d'artillerie. Jamais l'état-major ne crut en l'aéroplane en tant qu'arme offensive ou instrument de la police de l'air face aux drachens adverses.
Le 3 août 1914, la France était capable d'aligner 21 escadrilles composées de 6 biplaces et 4 autres formées de 3 monoplaces chacune. Ces unités, totalement assujetties au commandement de l'armée de Terre, étaient exclusivement prévues pour des missions d'observation, de reconnaissance et de réglage des tirs d'artillerie. Jamais l'état-major ne crut en l'aéroplane en tant qu'arme offensive ou instrument de la police de l'air face aux drachens adverses.
Meilleur avion de chasse de la première guerre mondiale, le Morane Saulnier AI arriva pourtant trop tard pour être aussi connu que le Spad XIII. Il le fut pourtant par la suite, quand Fronval se permit d'effectuer à son bprd un bon millier de looping au cours du même vol.
Source: Le temps des hélices aux éditions S.A.E.P. 2e trimestre 1993.
Pourtant ce ne sont pas les idées qui manquèrent avant la déclaration des hostilités. Dans le domaine de la "Science fiction", Jules Verne, avec "Robur le Conquérant" et, surtout Robida, dans "La Guerre Infernale", présentèrent des "plus lourds que l'air" offensifs dotés de canons. Sur le plan pratique, plusieurs essais furent effectués sans succès par des officiers subalternes, pour équiper les appareils d'un armement de bord fixe.
En 1913 le capitaine Alayrac étudia les effets du recul d'un canon sur la stabilité d'un aéroplane. A la même époque, dans la revue "Science et la Vie", le capitaine d'Artillerie X concluait ainsi son article sur la destruction des dirigeables ennemis : "... L'avion armé d'une mitrailleuse est d'une efficacité considérée comme des plus douteuses !".
En fait l'arme aérienne, avec des appareils à charge utile faible, une sécurité aléatoire et dépendante totalement des conditions météorologiques ne semblait convenir qu'à un très petit nombre de missions.
Pourvu du revolver d'ordonnance modèle 1892, et quelquefois du mousqueton Lebel d'artillerie, les premiers équipages de nos escadrilles ne devaient utiliser leurs armes qu'en cas d'atterrissage forcé en zone ennemie. Le combat aérien était décrété impossible par les têtes pensantes du GQG : l'obéissance était de rigueur. Mais, très rapidement, il devint intolérable que les "Taube" et autres "Aviatik" B.1 informent au su et à la vue de tous les Allemands sur les mouvements de nos troupes. L'artillerie contre avions étant peu efficace, le combat aérien se trouvait inévitable. L'état-major se lança donc à la recherche de "l'arme aéronautique" idéale.
Revolver et quelquefois mousqueton Lebel, pour les premiers équipages...
Source: Forces aériennes par Christopher Chant aux édition Fernand Nathan 1976.
Le Taube, qui connaîtra des heures de gloire en 1914 dans l'aviation allemande, est un des avions qui démontra le mieux les possibilité d'utilisation de l'aviation comme arme de guerre. Il sortit en 1910 de l'imagination de l'ingénieur autrichien Igo Etrich sous la forme d'un oiseau, d'où le nom de Taube qui supplantera celui de son constructeur. Il fit ses premières armes le 11 novembre 1911 en Libye, au cours du conflit italo-turc lorsque l'un des appareils de l'armée italienne effectua le premier bombardement de l'histoire.
Source: Fiche technique Edito-Service S.A. (Photo collection Musée de l'Air).
Mise en place à Mulhouse, en Alsace-Lorraine, la compagnie allemande Automobil und Aviatk, dont le siège social se trouvait à Leipzip, commença par produire des avions de conception française. Puis, ayant acquis une expérience suffisante, elle se lança dans ses propres projets et mis au point peu avant la première guerre mondiale, un avion de reconnaissance dérivé d'un appareil de course réalisé au cours de l'année 1913. Cet Aviatik B I, n'était doté d'aucun armement, faute de dégagements suffisants pour tirer.
Source: Fiche technique Edito-Service S.A. (Photo collection Musée de l'Air).
"" Le temps des carabines ""
Durant les six premiers mois du conflit, l'incurie la plus complète régna sur le plan de l'armement collectif des escadrilles. Même si les Français ont pu se targuer, grâce à Frantz et Quenault, d'avoir abattu le premier avion de la guerre en octobre 1914, la mitrailleuse qui servit à cet exploit était l'une des rares possédées par l'arme aérienne.
Ainsi la MS.31 (les escadrilles portaient les initiales des avions dont elles étaient pourvues) signale et tout et pour tout sur son état journalier de 28 février 1915 : "Trois pistolets dont un avec étui crosse", sans précision de marque. Ce furent les initiatives personnelles qui pallièrent les déficiences du ministère de la Guerre.
Les équipages voulaient des armes, surtout des carabines qui ne nécessitaient pas un maniement fastidieux; car dans le même temps, piloter, épauler, viser et tirer relevait d'un exercice proche de l'acrobatie ! Pour sa simplicité la Winchester automatique calibre 401 avait la préférence des navigants, mais le service technique en décida autrement et donna des Browning. Ces dernières acquirent rapidement une mauvaise réputation due à un enrayage chronique, et les pilotes lui préfèrent généralement le mousqueton réglementaire qui pourtant s'armait manuellement. Querelle de l'avant et de l'arrière, rapports et contre rapports, la Winchester eut finalement le dessus. Mais quelque soit la marque de la carabine, du revolver ou du pistolet automatique, lentement mais sûrement on commençait à se tuer dans le ciel de France et de Belgique.
Si, du côté britannique, nous connaissons des pilotes qui obtinrent des victoires à coups de carabine : tel le major Lance G. Hawker, décoré de la Victoria Cross pour avoir abattu trois avions allemands, les traces de tels exploits côté français sont rares. Les quelques témoignages oraux que nous possédons sur ces premiers combats font état de victoires individuelles rarement homologuées.
"L'Homologation", c'était le cauchemar des navigants ! Pour valider une victoire, il fallait trois témoins oculaires, lorsque la machine ennemie tombait dans ses lignes. Si l'avion adverse avait été abattu dans nos propres lignes, le pilote devait attendre les rapports des postes d'observation qui répondaient à un questionnaire en seize points.
A travers l'étude de plusieurs combats aériens, les responsables de l'Aéronautique militaire s'aperçurent très rapidement qu'une simple carabine automatique ou semi automatique n'était pas l'outil approprié à une mission d'interception. Par contre la mitrailleuse ou le canon semblaient être des armes idéales. La carabine passait au second plan, l'ère des mitrailleuses commençait.
Le Nieuport XB, biplace de reconnaissance présenté au SFA en 1915, l'observateur devait pouvoir tirer à la carabin au-dessus du plan supérieur grâce à un trou pratiqué dans la voilure. Cet appareil fut le premier de la série des seize Nie. XB à moteur Clerget "entre deux tôles".
L'avion Voisin type III armé d'une mitrailleuse Hotchkiss de 8 mm alimentée par bande rigide de 25 cartouches et refroidi par air. Une arme peu maniable, Frantz et Quenault eurent le plus grand mal à abattre leur premier avion en octobre 1914 à bord de cet appareil ainsi équipé.
Source des deux photos: La revue Aviation Magazine International n°773 de mars 1980.
Le pilote Joseph Frantz, à gauche, et son mitrailleur Quenault au retour d'une mission capitale dans l'histoire de l'aviation. Ce jour là, le 5 octobre 1914, les deux aviateurs abattirent le premier avion en combat aérien.
Source: Le livre de l'aéroplane par Jac Remise aux éditions Flammarion 1979.
"" Mitrailleuses et canons ""
Différentes expériences furent menées en vain avant le conflit pour équiper les aéroplanes à hélices tractives d'une mitrailleuse tirant vers l'avant. L'arme placée sur un trépied plus haut que le cercle de l'hélice obligeait son servant à se tenir debout face au vent pendant le tir. Cette solution fut abandonnée, le mitrailleur en action provoquait des turbulences dangereuses sur des appareils peu stables et, réduisait considérablement la visibilité du pilote.
Le tir à travers le champ de l'hélice étant loin d'être au point, la difficulté fut tournée de deux façons. Par l'emploi d'un avion biplace à moteur propulsif (Maurice Farman 7 et 11, Henri Farman 20, Voisin 3 et 5), permettant le montage sur pivot d'une mitrailleuse avant à la disposition du passager et par l'élaboration d'un bimoteur multiplace à hélices tractives (Caudron G.4 et R.4) dont l'habitacle, réservé au poste d'équipage, laissait à l'arme une certaine marge d'amplitude entre les moteurs de voilure.
En cet automne 1915, si le GQG avait donné sa préférence à la mitrailleuse comme arme de bord, nous étions très loin de sa standardisation. D'après l'état de l'armement du 30 octobre quatre modèles de mitrailleuses étaient en service : les Hotchkiss 8 et 11 mm, la Colt 303 US et la Lewis calibre 303 anglais. Côté fusils mitrailleurs cette disparité état respectée avec le modèle Hotchkiss 7 et 8 mm et le Chauchat calibre 8 mm. Cette "inconsciente" diversité entraînait souvent des erreurs de livraison. Les escadrilles percevaient du matériel et des munitions non adaptés à leur dotation.
Les obstacles ne se limitaient pas à ces problèmes d'intendance. La mitrailleuse était une machine adaptée à la guerre terrestre, sa condition d'utilisation dans les airs impliquait une série de modifications. Certains fabricants proposèrent des aménagements qui devaient faciliter la manœuvre de l'arme. Ainsi l'alimentation par bande rigide de 25 cartouches fut remplacée sur les Hotckhiss et les Colt par une bobine à bande articulée de 75 cartouches. De plus à la sortie de l'extracteur un filet était monté pour récupérer les douilles qui risquaient de brûler les plans en toile ou de tomber dans le moteur.
Afin de mieux coordonner les besoins de l'avant avec les innovations et la production de l'arrière, une "commission pour l'armement des avions" était constituée en octobre 1915. Chaque semaine, ce service regroupait les rapports des escadrilles qui rencontraient des difficultés dans le maniement de leurs armes. On y trouvait fréquemment des propositions de l'officier armurier pour pallier les insuffisances dénoncées. Telle est la "Note d'observation" présentée par les groupes de bombardement qui réclamaient trois modifications sensibles de la Colt afin d'éviter le problème de l'enrayage, dû principalement au gel en altitude des huiles et lubrifiants. Au fils des mois cette commission accumula une masse d'information qui orienta la Section Technique de l'Aéronautique dans ses à venir pour les commandes en armes automatiques.
Baignoire d'un Farman MF.11 : le personnage de droite tient une Colt "aviation" avec un chargeur "bobine"; l'autre homme, en place pilote, pointe une Hotchkiss. Du fait de la spécificité de l'armement on peut dater cette photo au début de l'année 1915. Puissance de feu assurée, mais attention aux haubans et à la voilure.
Nieuport 11 de l'escadrille de défense de Paris (1915), équipé de l'une des premières tourelle pivotant horizontalement sur 360°. La Lewis pouvait tirer vers l'avant au-dessus du plan supérieur. Ce procédé mis au point en 1915 fut abandonné au profit de la TO.7.
"Bébé" Nieuport 11 équipé d'une Lewis placée sur le plan supérieur : le système d'attache est dû au sergent Moreau. Remarquez le câble qui commande le départ du tir. Ce procédé d'escadrille fut délaissé au profit du système Nieuport directement adapté en usine.
Lewis de 7,7 mm montée sur support Nieuport. Ce système était le plus fréquent, monté d'origine sur les avions en cours de l'année 1915. L'arme fut tout d'abord alimenté par un chargeur circulaire de 32 puis de 64 cartouches. Elle était d'un maniement délicatet s'enrayait souvent.
Source des quatre photos: La revue Aviation Magazine International n°773 de mars 1980.
Ainsi du fait de leur poids excessif, de leur maniement difficile ou de leur fonctionnement capricieux, les mitrailleuses Hotchkiss et Colt furent progressivement remplacées par la "Lewis Aviation" déjà adoptée par le RFC.
Cette mitrailleuse, inventée aux USA par Samuel McLean, puis repensée par le colonel Isaac Lewis en 1911, se révéla une excellente arme pour la guerre aérienne. Sa légèreté (12 kg), sa bonne cadence de tir (500 à 600 coups par minute), son mécanisme simple par emprunt de gaz, son système de refroidissement par air et sa facilité d'approvisionnement grâce à un chargeur à tambour de 47 ou 96 cartouches, lui assurèrent la préférence du personnel navigant.
La même valse hésitation eut lieu avant le choix définitif du système de support. En effet chaque escadrille grâce à l'ingéliosité de ses observateurs-mitrailleurs et du savoir-faire de ses mécaniciens armuriers, mettait au point sur son terrain la tourelle "idéale". A l'inverse des Allemands il n'eut pas dès 1915 un procédé propre à plusieurs unités.
Il fallut attendre début 1916 pour que le Service technique des Armées en coordination avec le Centre de tir de Cazaux impose ses normes. Les principales exigences portaient :
-- Sur le champ de tir.
-- La bonne communication entre le pilote et le passager.
-- Le tir vertical sous l'avion, avec ou sans banquette aménagée.
-- La fixation de la tourelle devait résister à des efforts d'arrachement de 400 kg.
La TO.7, premier système homologué fit son apparition en 1917. Directement inspirée de l'anneau 'Scarrf" britannique, cette tourelle pouvait pivoter horizontalement sur 360° et permettait l'emploi d'un jumelage Lewis. Les déplacements verticaux étaient effectués à l'aide d'un levier en arc de cercle couplé à l'anneau de base et qui ne nécessitait pas d'effort physique important. La force musculaire était assistée par un ensemble crémaillères, poulie et sandow.
Après le premier rais des "Zeppelin" sur Paris dans la nuit du 20 au 21 mars 1915 l'état-major devait trouver une parade immédiate. Les munitions de mitrailleuses n'étant pas appropriées pour enflammer les dirigeables, on pensa au canon. L'arme choisie fut le 37 mm Hotchkiss modèle 1885 ou 1902 à grande vitesse initiale. Ces pièces utilisées essentiellement par la Marine étaient souvent accompagnées par un maître pointeur. On vit donc dans les Voisin V s'installer des passagers à pompon rouge.
Gros plan d'une TO.7 montrant le bras de levier articulé et soutenu par un système crémaillère, poulie et sandow. Ce système standardisé fut longtemps utilisé après la Première Guerre mondiale et à peine modifié en 1924. Il disparaîtra presque totalement à l'apparition de la MAC-34.
Voisin type IV (LB) doté d'un canon de 37 mm (M-1902), servant à l'attaque d'objectifs terrestres. Cet type d'armement fut testé sur avion en 1913 et mis en service de 1915 à 1916. Il pouvait tirer des boîtes à mitrailles et des obus en fonte.
Source des deux photos: La revue Aviation Magazine n°773 de mars 1980.
Cette initiative à grand renfort d'articles propagandistes avait pour tâche principale de rassurer le citadin bombardé. Cependant la réalité fut plus terne et les résultats médiocres. Le Voisin V surchargé par le canon s’essoufflait trop vite à l'altitude de croisière des "Zeppelin" et derrière les "Aviatick" légers et plus rapides.
La même échec fut essuyé avec les drachens. Le Voisin s'avérait vulnérable face à la chasse et la DCA ennemie très dense afin de protéger ses ballons captifs.
Peu rentable en combat aérien, le canon se révéla efficace dans l'attaque de cible au sol. Le désir de tirer davantage parti de l'avion canon, pour l'assaut d'objectifs terrestres et marins, fit essayer un projectile plus puissant de calibre 47 mm. Ce furent surtout les hydravions à coque ventrale (FBA et Macchi construits sous licence) qui bénéficièrent de cette initiative pour la chasse au sous-marin.
A la même époque, dans les airs, les appareils alliés subissaient de sérieux revers. Les Allemands grâce à une idée française possédaient le tir à travers l'hélice.
"" ... à travers l'hélice ""
Pour les avions à hélices tractives le problème du montage d'une mitrailleuse fixe tirant vers l'avant restait toujours en suspens début 1915.
Cependant en avril 1914 l'ingénieur Saulnier avait eu l'idée de synchroniser avec le moteur le tir d'une arme automatique. Un mois plus tard, l'inventeur voulant vérifier sa théorie emprunta une mitrailleuse Hotchkiss et procéda à des essais dans les caves de la tour Eiffel. Tentative décevante, la défectuosité des cartouches provoquait un temps irrégulier entre chaque coup et empêchait le mouvement du percuteur de s'associer correctement à celui du moteur. A la déclaration de guerre, le responsable de l'Aviation militaire reprenait la Hotchkiss en ces termes : "... Finis les jeux de saltimbanques, aujourd'hui c'est sérieux" : l'expérience était close. A la demande de Roland Garros, Raymond Saulnier reprit son étude. Il équipa de coins métalliques usinés par Panhard, une hélice fabriquée par Chauvière. Si ces déflecteurs de pales déviaient les balles, leurs impacts provoquaient des tensions asymétriques dangereuses pour le moteur. Malgré cette perspective, Garros fit équiper son Morane-Saulnier "Parasol" type L (en non pas N), de ce système. L'arme fixée était redoutable dans les passes frontales. En moins d'un mois Garros abattait cinq appareils allemands et devenait le premier as de la chasse française. Touché le 18 avril 1915 lors du mitraillage d'un train, le pilote fut obligé de se poser derrière les lignes adverses. Le Morane n'ayant pu être incendié, le secret du déflecteur passait chez les Allemands. Quelques mois plus tard l'invention de l'ingénieur Saulnier améliorée par le professeur Fokker faisait des ravages dans les rangs de notre arme aérienne..
Le Fokker E.1 grâce à sa mitrailleuse parfaitement synchronisée devint le cauchemar des équipages alliés. Le fléau "Eindecker" commençait sa moisson.
Avion Voisin muni d'une mitrailleuse (Photo Safara).
Source: Histoire de l'aviation par René Chambe aux éditions Flammarion 1972.
Après trois mois de recherches, Roland Garros a mis au point une hélice de forme spéciale permettant la déviation des balles de la mitrailleuse située derrière elle. Raymond Saulnier a déposé le 5 février 1915 un brevet pour une hélice blindée. C'est une hélice de série sur laquelle vient se fixer des déflecteurs en acier. Ce système rudimentaire donna des résultats peu encourageants car les balles perdues déchiraient l'hélice. C'est en échappant à un accident au cours d'une remise de gaz, l'hélice ayant cédé à la force centrifuge, que Garros eut l'idée de perfectionner le dispositif. Il trouva tout d'abord une forme d'hélice mieux adaptée et plus robuste, il s'assura de l'efficacité du blindage, et régla le calage de la mitrailleuse pour obtenir un meilleur rendement de tir. Ce travail de recherches porta ces fruits puisque pendant la période de 1er au 17 avril 1915 il obtenait les trois premiers succès de la méthode du tir fixe dans l'axe de l'avion. Équipé de la mitrailleuse Hotchkiss, le Morane-Saulnier L, un avion qui était devenu très redoutable.
Source: Chronique de l'aviation aux éditions Chronique 1991.
Le pare-balle de Garros (a) monté sur les deux pales de l'hélice, permettait de monter la mitrailleuse juste à avant du cockpit sur les avions de chasse à un moteur, à hélice tractive. Le dispositif de Fokker (b) qui synchronisait le mécanisme de tir de la mitrailleuse et la rotation de l'hélice, assurait le passage des balles entre les pales. Ce système permettait de prendre beaucoup moins de balles que le pare-balle de Garros; il donna aux éclaireurs Fokker une supériorité décisive pendant plusieurs mois sur les avions de chasse alliés.
Source: La conquête de l'air aux éditions Gründ 1980.
Un Morane-Saulnier français type H de 1915, avec déflecteur d'hélice permettant le tir vers l'avant.
Source: Les armes et leurs secrets par Christopher Chant aux éditions Atlas 1978.
Le Morane-Saulnier Type N français, équipé d'un seul fusil. Il fut cependant utilisé surtout pour des vols d'observation.
Source: Histoire illustrée de l'aviation aux éditions Fernand Nathan 1978.
Pour contrer le système Fokker les responsables de l'armement français adoptèrent une solution qui se prêtait bien au biplan de chasse Nieuport 11. L'arme, une Lewis, était montée sur le plan supérieur de manière à ce que les balles passent au-dessus du cercle balayé par l'hélice. Cette combinaison n'avait pas que des avantages, elle présentait quatre inconvénients majeurs :
-- Le décalage entre l'arme et l'appareil de visée.
-- Le non-parallélisme de l'arme et de l'axe de l'avion.
-- La diminution de la vitesse de l'avion par la résistance du dispositif à la pénétration dans l'air.
-- L'impossibilité d'augmenter les diamètres des hélices pour obtenir le rendement optimum des avions alors en études.
Faute de mieux ce procédé fut standardisé sur les Nieuport 10, 11, 12 et les Morane LA, 21 et 26.
Si les britanniques adoptèrent d'emblée un dispositif unique pour amarrer la Lewis sur l'aile supérieure (brevet Forster), nos compatriotes se distinguèrent encore par la multitude des projets proposés et appliqués.
On retrouve pas moins de sept systèmes différents, dont six étaient dus au génie inventif des pilotes et des armuriers et un aux techniciens de chez Nieuport. Ce dernier procédé fut le plus répandu. Cependant notons que tous les types d'appareils de fixations tenaient compte d'impératifs communs imposés par la section technique de l'armement, tels le basculement de l'arme vers le trou du pilote pour en faciliter son réapprovisionnement et, la commande tir par câble qui permettait à l'aviateur de rester assis face à ses instruments de visée.
La mitrailleuse maintenue sur le plan supérieur n'était qu'un expédient, face à l'efficacité des "armes de capot" allemandes. Il était impératif pour les alliés de reprendre et d'améliorer les inventions des ingénieurs Saulnier et Fokker. Les efforts conjugués d'un Roumain exilé, George Constantinescu, et d'un officier britannique, George Colley, aboutirent à l'élaboration d'un synchronisateur moteur-arme automatique, qui rentra en service dans les escadrilles alliées dès le printemps 1916.
La mitrailleuse sélectionnée pour le tir à travers le cercle de l'hélice était une Vickers calibre 303 modèle 01. Comme la Spandau allemande, cette arme dérivait de la mitrailleuse inventée en 1885 par l'Américain Hiram Maxim. D'une cadence de tir de 450 à 550 coups par minute, alimentée avec une bande en toile souple, la Vickers aviation se distinguait de sa réplique terrestre par un système de refroidissement par air.
Ce dispositif d'arme avait théoriquement pour les utilisateurs tous les avantages. Placée devant le pilote la Vickers permettait un réarmement aisé et, incluse dans le carénage du capot elle conservait à l'appareil ses qualités aérodynamique. D'autre part, le brevet Constantin (pour Contantinescu) s'adaptait à tous les modèles de propulseurs : le came de commande de tir était soit calé sur l'arbre du moteur pour les rotatifs, soit monté au bout de l'arbre à cames d'un groupe de cylindres pour les engins en ligne. Ainsi tous les appareils à hélices tractives construits à partir de 1916 pouvaient être dotés d'une ou plusieurs mitrailleuses synchronisées.
Arrivé à ce stade, l'armement de bord des avions ne devait plus évoluer d'une manière spectaculaire au cours du conflit. Seules les critiques des pilotes apportèrent de sensibles modifications sur telle pièce de l'arme ou du viseur.
Ci-dessus, quatre répliques du Nieuport 11, prêtes à décoller pour le tournage du fim "Coup de foudre", noter la bouteille d'oxygène à terre... (Photo Francis Bergèse).
Source: Le livre de l'aéroplane par Jac Remise aux éditions Flammarion 1979.
Un Spad S-XI de reconnaissance fin 1916. Le mitrailleur sert un jumelage Lewis sur TO-7 et le pilote commande une Vickers synchro fondue dans le capot. Ce type fit rapidement place au Breguet XIV.
Source: La revue Aviation Magazine International n°774 de mars 1980.
"" Les navigants jugent leurs armes ""
"Danseur de corde", "Fantaisiste", l'aviateur était aussi réputé par son oubli de "l'obligation de réserve". Au grand dam du personnel des services techniques de l'arrière, il ne cachait jamais son mépris pour tel ou tel matériel.
Le fusil-mitrailleur Chauchat et la mitrailleuse Colt furent sévèrement critiqués et dénoncés comme des armes dangereuses pour leurs utilisateurs. Ainsi, nombreux étaient les pilotes qui de chasseurs devenaient gibier à cause de la rupture d'une pièce de culasse mobile ou l'éclatement d'un étui paralysant l'introduction des cartouches.
Ces critiques se voyaient parfois confirmées lors de l'interrogatoire d'un prisonnier. Ainsi dans une note du 3 décembre 1917, le lieutenant Kerstiens, observateur de ballon captif pour le 14e d'Artillerie allemand, mettait en doute la valeur des balles françaises. Cet officier déclarait ne rien craindre des avions français aux balles incendiaires médiocres. Il subit personnellement trois attaques de chasseurs exécutées à petite distance et par très beau temps, son drachen fut percé plusieurs fois sans flamber.
Raremet le pilote fut dupe des informations diffusées sur l'état de notre aviation, destinées à flatter la vanité nationale. Opposé à une aéronautique germanique incisive et entreprenante, le bilan dressé par nos équipages, à l'époque des offensives "Nivelle", pourrait être celui du lieutenant Marc (*) : "... Des effectifs insuffisants, un personnel où les éléments jeunes et ardents se mêlent aux pilotes fatigués, un matériel très inégal, inférieur au matériel ennemi..."
En ce temps, il est vrai que le moral était bas. Dans le ciel l' "Albatross" D.III redonnait pour quelques semaines l'avantage à la chasse allemande.
La Première Guerre mondiale fut pour tous les belligérants l'occasion d'utiliser de plus en plus massivement l'aéroplane. Tout d'abord confinée à des tâches secondaires et soumise à une armée de Terre peu encline à envisager le combat aérien, l'aviation française stagnait. Il fallut des morts, l'initiative spectaculaire de quelques-uns, l'avantage que l'ennemi nous prenait en utilisant ses avions d'une manière plus offensive et rationnelle que pour l'état-major bouge.
Paradoxe que d'être la première nation à imaginer le tir à travers l'hélice dès 1913 et que le seul armement des escadrilles de 1914 se compose de revolvers et de mousquetons réglementaires. Au-delà de cette querelle d'écoles et de partis les mutations de l'armement de bord décidèrent d'une nouvelle forme de guerre.
Dès que la notion de front fut perçue comme un ensemble qui associait étroitement la guerre terrestre et la guerre aérienne, la fraternité des gens de l'air s'effaça devant la réalité des tranchées.
Le firmament n'était plus ce qu'il était et les "machine à coudre" de MM. Spandau, Vickers, Lewis et compagnie eurent leur part de responsabilité dans cette métamorphose. Après la terre, le ciel accouchait d'un abattoir.
Un Albatross D.III. Source: Les avions 1001 photos aux éditions Solar 2006.
Le Spad XIII de Cole Palen se pose en douceur sur l'aérodrome d'Old Rhinebeck. (Photo Howard Lewy).
Jean - Marie
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