L'histoire du char Somua S-35.





"" Ce char se révéla efficace au combat ""

Maquette Heller au 1/35.  Référence n°81134.







Historique : La revue Histoire et Maquettisme n°46 de novembre-octobre 1996, et
Connaissance de l'histoire, Blindés des origines à 1940, hors série n°3 aux éditions Hachette 1980.




Sur le sujet voir aussi : La revue MPM Maquettes plastique magazine n°76 et 95 // Les blindés de la Seconde Guerre mondiale aux éditions Atlas, etc...




Les photos sont de l'exposition de Saulxures-les-Nancy 54 (France) en 2016.







Historique : Lorsque les troupes allemandes passent à l'offensive, la 7e armée exécute la manœuvre "Breda". Ce plan d'opération, préparé de longue date, est la continuité logique de la manœuvre "Dyle" Il est censé réaliser la jonction avec les forces néerlandaises afin de permettre l'établissement d'un front continu de la Hollande jusqu'à la frontière française.
Etant donné la faible profondeur du territoire hollandais, la rapidité d'action est essentielle et, dans ce but, la 1re DLM est stationnée le long de la Mer du Nord dès la mi-mars. Elle pénètre en Belgique le 10 mai 1940 pour se porter en Hollande. Tandis que le régiment de découverte (6e Cuirassiers) se porte vers Breda, Tilburg et Eindhoven, les Somua de 4e Cuirassiers sont embarqués sur voie-ferrée et parviennent en fin de journée dans la région d'Oostmalle.
Du 11 au 13 mai, les forces de la 1er DLM et la 18e division d'infanterie belge livrent de durs combats. Lorsque les fantassins belges décrochent vers le canal Albert, le flanc droit de la DLM est dangereusement menacé et l'ennemi en profite pour s'infiltrer dans la région des canaux. Dans la nuit du 13 au 14, puis dans celle du 14 au 15 mai, le 7e armée est contrainte d'effectuer un repli sur le camp retranché d'Anvers. Les Somua réembarquent à destination de Soignie.

En 1934, la cavalerie, qui est à la recherche d'une A.M.C. (Auto Mitrailleuse de Combat) pour ses futures D.L.M. (Division Légère Mécanique), modifie les spécifications du programme de 1931 qui n'a pas permis de trouver l'engin souhaité.
En effet, les projets présentés par Renault n'ont pas donné entière satisfaction et ils ne seront commandés qu'en petites séries. Les nouvelles exigences portent surtout sur le blindage et l'armement.
Il n'est pas fait appel au constructeur de Billancourt car celui-ci est de plus en plus occupé par les commandes de l'infanterie et le 17 mai 1934 le service de l'armement se tourne vers la SOMUA (Société d'Outillage Mécanique et d'Usinage d'Artillerie). L'industriel accepte deux mois plus tard et remet son projet en octobre 1934. Sans attendre la commande, il entame la construction d'un prototype qui sera présenté en avril 1935. L'engin, avec sa tourelle armée d'un canon de 47 mm est, en fait, plus proche du char que de l'A.M.C. Les premiers essais qui se déroulèrent du 4 juillet au 2 août 1935 permettent de constater quelques différences par rapport au programme de 1934 comme le poids qui est plus élevé (17 tonnes au lieu de 13). En outre, ils mettent en évidence certains défauts tels que moteur trop bruyant, vitesse moyenne sur route insuffisante, etc...
Ces problèmes sont en partie dus à l'inexpérience du constructeur en la matière et ils rendent nécessaire un retour en usine afin de remédier à ces difficultés de mise au point. Après plusieurs séries de tests, la commission accepte le véhicule le 27 janvier 1938.
Entre-temps, et sans attendre la fin de l'expérimentation, une première série de 50 exemplaires a été commandée en mars 1936 sous la dénomination officielle de : "char 1935 S". Ce char fut certainement l'engin de combat le mieux adapté à la guerre de mouvement qui se déroula en mai/juin 40.
Malgré une fâcheuse tendance à verser et une tourelle monoplace obligeant le chef de char à commander tout en servant les armes de bord, le S-35 fut rapidement apprécié des cavaliers qui l'utilisaient.
Cette popularité était surtout due à l'armement de ce char, qui pouvait rivaliser avec celui de tous les chars allemands de l'époque, ainsi qu'à sa vitesse et à son autonomie. Sa renommée devint telle qu'il fut même envisagé d'en faire construire 2 000 exemplaires aux USA après la perte des usines du Nord.
En 1940, la Sté SOMUA étudiait une version améliorée, remotorisée avec une caisse élargie de 10 cm surmontée d'une coque et d'une tourelle à pans soudés, le S-40. Sur ce nouveau châssis, un canon automoteur de 75 mm fut mis au point mais les événements empêchèrent sa fabrication en grande série. Cependant, un exemplaire au moins prit part aux combats de juin 1940 près de Compiègne.
Au 1er juin 1940, 430 exemplaires du S-35 étaient en service et les autorités d'occupation contraignirent SOMUA à continuer sa production, ce qui porte à plus de 700 le nombre d'engins construits. 


Le SOMUA était un excellent char dont le programme fut lourdement perturbé par les rivalités industrielles et les changements de gouvernement. Il ne fut affecté qu'en nombre insuffisant dans les unités de première ligne.
Source: Chars et véhicules blindés par Robert Jackson aux éditions Parragon 2008.


"" Organisation et opérations du S-35 ""
Dans les années 30, le général Gamelin était persuadé que la cavalerie n'avait plus aucun rôle à jouer dans une guerre moderne, mais à force d'obstination le général Flavigny, directeur de la cavalerie, réussit à imposer l'idée d'une unité de cavalerie entièrement motorisée.
Après deux ans d'études et de réflexions, la 1re DLM est officiellement créée en juillet 1935. En 1939, la dotation théorique des DLM est la suivante : 
-- Une brigade de combat à deux régiments (2 escadrons de S-35 et 2 autres de H-35 chacun, soit 80 chars.
-- Une brigade mixte avec un régiment de découverte (2 escadrons motos et 2 autres d'AMD) et un régiment de dragons portés sur véhicules tous terrains (trois bataillons avec un escadron d'AMR chacun).
Elle dispose en plus d'artillerie, de génie et d'unités de services. Au sein de chaque régiment, les chars sont répartis entre quatre escadrons comprenant 4 pelotons de 5 véhicules chacun.

Répartition des S-35 au 10 mai 1940 :
1re DLM : 4e Cuirassiers et 18e Dragons.
2e DLM : 13e et 29e Dragons.
3e DLM 1er et 2e Cuirassiers.
4e DLM : Groupement de Laroche, un escadron de SOMUA (créé le 10 juin 1940).
3e DLC :3e RAM (1 peleton de 3 Somua).
4e DCR : 3e Cuirassiers. 

Après la campagne de France, 23 S-35 sont embarqués vers le Sénégal, ils prendront part aux combats sur le front de Tunisie en décembre 1942 au sein du 12e Régiment de Chasseurs d'Afrique. Cinq autres Somua furent cachés en France par le CDM (Camouflage Du Matériel) et participèrent à la libération de la poche de la Rochelle aux côtés de B-1bis en 1944.
Les troupes allemandes en récupérèrent près de 300 et les utilisèrent tels quels en arasant le haut du tourelleau pour y installer des trappes d'accès.
Quelques exemplaires sans superstructure servirent d'auto-école pour les troupes d'occupations. L'Allemagne céda une trentaine de S-35 aux Italiens qui constituèrent un bataillon stationné en Sardaigne.    


Photo du prototype devant les ateliers SOMUA. On remarquera la forme initiale des grilles du moteur, ainsi que la tourelle, seule camouflée.
Source: La revue MPM Maquettes Plastique Magazine n°76 d'octobre 1977.

Char Somua S-35 abandonné après avoir subi le feu allemand.
Source: L'ouvrage les tanks aux éditions Princesse 1979.

Le S-35 représenté ici est revêtu du camouflage standard de 1940 gris armée et vert armée. Noter les assemblages boulonnés de la caisse.
Source: Les blindés de la Seconde Guerre mondiale par Eric Grove aux éditions Atlas 1977.

Défilé de chars Somua S-35 sous couleurs allemandes. Bundesarchiv N 1576 Bild-007.
Source: Forum des résistants la TEAM =FFI=. Site web :   lesffi.vraiforum.com  à qui je présente mes remerciements.


"" La technique ""
Si le Somua S-35 ne différait guère des chars "D" déjà en service, il présentait cependant des améliorations originales. La caisse traduisait un progrès important en matière de blindage moulé. Elle comprenait trois sections unies au moyen de boulons afin de constituer un ensemble rigide : la partie inférieure, qui s'étendait sur toute la longueur du véhicule, contenait le moteur, la transmission et les commandes, et portait la suspension boulonnées sur les flancs. Celle-ci était constituée de ressorts à lames semi-elliptiques et d'un ressort à boudin sur le galet arrière. Le barbotin était à l'arrière; des éléments courts mono-patin composaient la chenille en partie protégée par une jupe blindée.
Les deux autres sections formaient la superstructure. La section arrière recouvrait le compartiment moteur-transmission, tandis que la section avant logeait le compartiment de combat et supportait la tourelle. Des volets en acier moulé donnaient accès aux deux compartiments.
On accédait au compartiment de pilotage et de combat par une porte située sur la gauche; un trou d'homme était pratiqué au fond de la caisse en correspondance avec l'emplacement du chef de char.
Le pilote se tenait à l'avant gauche et disposait des pédales habituelles pour le frein, l'accélérateur et l'embrayage. Il avait à sa droite le levier de changement de vitesse et celui du frein à main, entre les genoux, le volant de conduite. A gauche de la pédale de l'embrayage, une autre pédale actionnant le démarreur électrique du moteur au moyen d'une tringlerie. Le siège du pilote était situé au-dessus de l'hydrovac du frein à pédale et pouvait se déplacer horizontalement et verticalement.   


Le char Renault D-2 présente, ici, le camouflage trois tons (avec cernes noires) le plus répandu en 1940.         
Source: La revue Connaissance de l'Histoire n°47 de juillet-août 1982 aux éditions Hachette 1982.

Gros plan sur la trappe d'accès de la tourelle qui met en évidence le système d'ouverture par pivotement.      (Musée des blindés, Saumur).
Source: La revue Histoire et Maquettisme n°46 de septembre-octobre 1996.



Dans l'espace compris entre le plancher et le fond de la caisse se trouvaient les accumulateurs électriques (en deux séries de batteries), une partie des munitions et les accessoires.
Le pilote pouvait observer à l'extérieur par un volet blindé situé à l'avant (lorsque l'écoutille était fermée, le pilote utilisait une fente d'observation et un épiscope) et par deux fentes latérales. L'opérateur radio, assis à droite, pouvait voir lui aussi à l'extérieur au moyen d'une fente d'observation; il contrôlait les deux appareils radio.
Le chef de char était le tireur. Assis sur une selle pivotante, il avait à sa portée une partie des munitions, stockées sur des rayonnages fixés aux parois de la caisse.  


Photos 5/6 et7 : Différentes vues de l'intérieur du Somua S-35, on peut y noter de nombreux détails : la position des magasins des mitrailleuses et des obus, le siège, le cornet etc...
Source: La revue MPM Maquettes plastique magazine n°77 d'octobre 1977.



La tourelle APX-4 du S-35 était armée d'un canon de 47/32 semi-automatique et d'une mitrailleuse Chatellerault calibre 7,5 mm modèle 31. Les armes étaient jumelées dans une casemate, constituée par un masque d'acier unique fixé à la tourelle par deux "tourillons" qui pouvait se déplacer en site + ou - 20°.
La mitrailleuse pouvait être désolidarisée de la tourelle pour de faibles débattements latéraux (+/-10°).
Pour le pointage des armes, le tireur avait une lunette panoramique d'agrandissement 4, placée dans un berceau au-dessus de la mitrailleuse. Les munitions du canon se composaient de 85 coups placés dans les alvéoles du compartiment de combat. Pour la mitrailleuse, il y avait 2 550 cartouches, réparties en 15 chargeurs.
Malgré la présence de deux ouvertures dans la partie supérieure du blindage pour le renouvellement de l'air, il convenait de ne pas tirer plus de 100 coups de mitrailleuse à volets fermés, il fallait alors ouvrir les écoutilles et les fentes de visée afin de créer le courant d'air nécessaire à l'expulsion des gaz produits.
Le canon était pointé en hauteur au moyen d'un volant; pour le pointage en direction, le mécanisme de rotation de la tourelle était électrique, mais le réglage se faisait avec un volant manuel.
Le tourelleau du chef de char comportait quatre appareils optiques : deux lunettes périscopiques placées derrière une ouverture protégée par une plaque tournant vers le haut; sur la paroi opposée, une fente munie d'un épiscope du même type que celui de la caisse, plus un autre épiscope. Sur les côtés de la tourelle, le chef de char disposait de deux épiscopes pour l'observation.
Chaque ouverture était garnie d'un joint assurant l'étanchéité contre les gaz de combat. Sur le toit de la tourelle se trouvait le support pour la mitrailleuse DCA.
Une cloison pare-feu séparait le compartiment de combat du compartiment moteur.


Noter l'excellent profil balistique de la caisse et de la tourelle coulées, la coupole arrondie, les fentes de visée latérales réduites, le puissant canon de 47 mm, les grandes trappes d'accès, les panneaux du compartiment moteur et la protection générale de ses superstructure.
Source:Les blindés de la Seconde Guerre mondiale par Eric Grove aux éditions Atlas 1977.


Derrière celui-ci, à droite, le réservoir d'essence auto-étanche selon les normes françaises de l'époque. Sur le côté droit, le moteur, un Somua 8 cylindres en V, et la transmission qui comprenait le système de direction à double différentiel. Le différentiel de direction était commandé au moyen d'embrayage bi-disques à sec, par l'intermédiaire de câble à partir du volant de conduite. Celui-ci grâce à un système de trains épicycloïdaux, faisait virer le char en ralentissant le mouvement de la chenille intérieure et en augmentant la vitesse de la chenille extérieure sans diminuer sensiblement la vitesse.
Le char reposait sur deux groupes de quatre galets de chaque côté, en sus du galet arrière. Les galets étaient en acier; leurs bords intérieurs faisaient une saillie qui courait dans le creux d'un sillon pratiqué dans les chenilles, ce qui supprimait les dents-guide tout en évitant le déchenillage. Deux rouleaux porteurs conçus selon le même principe et deux patins supports munis d'un guide supportaient le brin de chenille supérieur, le conduisant à la poulie de tension située à l'avant.    


Vue de détail du crochet d'attelage, du barbotin, (plus la chenille) qui était placé qui était placé à l'arrière sur les Somua. Cette photo nous offre un bel exemple de salissures.  (Musée des blindés, Saumur). 

Les pots d'échappements chauffaient énormément et prenaient à la longue cette coloration particulière.   (Musée des blindés, Saumur).
Source des deux photos: La revue Histoire et Maquettisme n°46 de septembre-octobre 1996.


"" L'évolution ""
La première modification fut le remplacement des patins (228 à l'origine) par d'autres plus larges (de 75 à 105 mm). Par la suite, on chercha à accroître la puissance du moteur; c'est ainsi qu'en 1940 sortit une version avec un moteur gas-oil de 220 cv, appelée S-40.
A partir du même châssis Somua on produisit le S.Au.40, un automoteur de 75 avec un canon en casemate à l'avant droit. On en connaît deux versions, différenciées par la hauteur plus ou moins importante du tourelleau du chef de char, appelées 75 Auto Propulsé. Du fit de l'accroissement de poids (2 t de plus que le S-35), la suspension avait été renforcée, mais la vitesse réduite à 30 km/h. 

Superbe plans quatre vues d'Alain Pelletier parut dans MPM Magazine n°95 de juin 1979.


"" Caractéristiques du Somua S-35 ""
Poids : 19,5 t.
Longueur : 5,38 m.
Largeur : 2,12 m.
Hauteur : 2,62 m.
Garde au sol : 0,42 m.
Voie : 1,70 m, empattement 4,28 m.
Blindage maxi : Caisse 40 mm, tourelle 50 mm.
Équipage : 3 hommes (1 conducteur, 1 aide-chargeur, 1 chef de char).
Moteur : Somua 8 cylindres, refroidi par liquide, 190 cv.
Carburant : 410 litres, autonomie 230 km.
Vitesse maximum : 40,7 km/h.
Passage à gué : 1 m.
Bords francs : 2,35 m.
Obstacle vertical : 0,50 m.
Pente : 65%.
Armement : 1 canon de 47 mm SA 35 approvisionné à 118 coups; 1 mitrailleuse de 7,5 mm modèle 31 approvisionnée à 3 000 coups.

"" Une belle histoire ""    

Le char Somua S-35 de 1940, en parfait état de marche. Au cours de diverses présentations en public, ce S-35 avait cassé plusieurs fois ses chenilles, et se trouvait définitivement immobilisé. Le 24 décembre 1981, à 9 h du matin, le colonel Aubry, directeur du musée de Saumur, reçoit un énorme colis, pesant 1,5 tonnes. A l'ouverture, il découvre 250 patins de chenilles neufs refaits et gracieusement offerts par la firme Creusot-Loire. Un merveilleux cadeau de Noël qui permet au S-35 de reprendre du service.
Source: La revue Connaissance de l'Histoire n°47 de juillet-août 1982 aux éditions Hachette.


"" La maquette Heller au 1/35 "" 




 
 
 
 
 




Jean-Marie










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