Les hélicoptères de Frank N. Piasecki / Vertol.









"" Tout le monde le connait sous le nom "la banane volante" ""

Maquette Italeri au 1/72.  Référence n°007.






Historique : La revue Aviation Magazine n°166 de janvier 1956.
Texte de Jacques GAMBU.





Réalisation du diorama et photos par mon ami Jean-Pierre Boespflug.

Les photos du H-21C de la 31F sont de la collection personnelle de Jean-Pierre Boespflug.






Historique : Parmi toutes les entreprises qui virent le jour peu avant ou après la guerre avec, pour but, l'étude, le développement et la réalisation d'engins à voilure tournante, celle que fonda Frank N. Piasecki fut celle qui connut certainement le plus grand essor. La firme Piasecki était la plus importante, après avoir été la premières de ces entreprises ayant pour unique raison la construction d'hélicoptères.
Cette usine est située à Morton, en Pennsylvanie, à 16 kilomètres au sud de Philadelphie, dans le cœur de la vallée industrielle de la rivière Delaware. L'origine de cette firme remonte à 1940, lorsque quelques jeunes ingénieurs, menés par Frank N. Piasecki, se groupèrent pour étudier et construire des appareils à voilure tournante.

Leur première production fut terminée alors que ce groupe avait pris la raison sociale "P-V Engineering Forum". Désigné PV-2, l'appareil était un mono-rotor classique à entraînement mécanique et muni d'une hélice anticouple, le tout entraîné par un moteur Franklin de 90 cv. monté verticalement. Le PV-2 vola le 11 avril 1943 et fut ainsi le second hélicoptère américain américain ayant volé publiquement.
Ce premier succès incita l'US Navy à passer un contrat pour un appareil bi-rotor en tandem expérimental. Treize mois après la notification du marché, l'hélicoptère prenait l'air en mars 1945, sous la désignation d'usine PV-3 et, sous celle de la Marine, XHRP-1. Des essais intensifs furent alors menés et totalisèrent 500 heures statiques et en vol, le tout étant terminé à la satisfaction générale au printemps de 1947. Une commande d'évaluation de dix exemplaires avait été passée en juin 1946 et fut suivie d'une autre portant sur un même nombre d'appareils.
Le premier Pratt  & Whitney R-1340 de 600 cv., le HRP-1 fut la première "banane volante", le long fuselage incurvé étant terminé à chaque extrémité par un rotor de 12,50 m de diamètre. L'équipage comprenait deux hommes et huit passagers pouvaient encore prendre place. Tout ceci avait occasionné une refonte de l'équipe et de la société. Cette dernière fut largement financée et prit le nouveau nom de Piasecki Helicopter Corporation, qui est resté le sien.

Seul H-21C n°001 tout en alu de la 31.F en 1959, lors d'une liaison Lartigue Sidi-bel-Abbès. Il a été versé à la Marine par l'EALAT de Sidi-bel-Abbès. (Photo René Bail).
Source: Collection personnelle de Jean-Pierre Boespflug. 


Bon ! Il était évident que le HRP-1 "Rescuer" connaîtrait un développement quelconque et celui-ci consista en une version affinée du premier appareil. La construction était devenue entièrement métallique et l'engin présentait alors un corps sans aucune facette, comme c'était le cas pour le HRP-1 dont l'ossature en tube d'acier soudés était entoilée. Le nouvel appareil prit tout naturellement la désignation HRP-2. Même source de puissance et mêmes rotors furent employés. 
Le premier ordre pour le nouvel hélicoptère fut passé en juin 1948 par l'US Navy. Par rapport au HRP-1 le HRP-2 n'offrait plus de fuselage incurvé, mais présentait une brisure nette au droit de l'attache du train principal. Dans le domaine aérodynamique, la configuration générale restait cependant la même avec, toutefois, un gain sensible sur la traînée. Les livraisons commencèrent en 1950 et ne furent arrêtées que par l'apparition du type suivant H-21 sur lequel nous revenons plus loin.   

Le Piasecki HRP-1 "Rescuer", démontre ses possibilités de récupération en vol stationnaire.
Source: Fiche technique Edito-Service S.A. Photo Boeing Vertol Compagny.


Revenons un peu en arrière pour mentionner qu'en février 1946, la compagnie fut déclarée gagnante d'un concours visant à créer un hélicoptère bi-rotor en tandem pour le compte de l'US Navy et, en mars 1949, deux des trois prototypes commandés furent soumis à des essais d'évaluation au Naval Air Test Center de Patuxent, à la suite desquels les commandes série furent passées. De ce fait, les XHJP-1 devinrent les HJP-1 qui, à leur tour, furent redésignés HUP-1, ces développements ayant porté le nom d'usine PV-14 et PD-18 "Retriever". Ce type d'hélicoptère était d'ailleurs en service dans notre aéronavale, ainsi que dans la Royal Canadian Navy, cependant que l'US Army en utilisait sous la désignation de H-25 "Army Mule".
Dans ce développement, le fuselage est rectiligne et le rotor arrière est reporté plus haut que le premier par montage au sommet d'une large et haute dérive. Le dernier HUP-4 fut livré le 1 juillet 1954; il avait été construit 339 exemplaires de ce remarquable hélicoptère, sous quatre versions différentes, les deux premières étant équipées de moteurs Continental R-975 de 525 cv, et la dernière disposant des 700 cv de son Wright R-100-3.    

Le Piasecki HUP "Retriever" aux couleurs de la France, était l'un des quinze exemplaires réceptionnés par l'Aéronavale.
Source: Fiche technique Edito-Service S.A. Photo S. Nicolaou.


Bref, en février 1950, la compagnie reçut un ordre pour une quantité substantielle d'hélicoptères développés du type HRP-2 de la Navy. Cette commande émanant de l'USAF qui envisageait de s'en servir pour le sauvetage dans l'Arctique, le nouvel appareil prit la désignation YH-21. D'autres commandes furent encore passées qui portaient sur un nombre important de versions H-21A pour l'USAF et de H-21B et C pour l'USAF et l'US-Army. Enfin, la Royal Canadian Air Force en a acheté également.
Le type YH-21 et le type H-21A étaient spécialement aménagés et conditionnés pour opérer en Arctique. Ces deux versions étaient équipées d'un moteur Wright R-1820-103 dont la puissance a été limitée à 1 150 cv, et ont prouvés que des températures de -50° ne gênaient en rien leur mise en oeuvre.
Les types H-21B et H-21C sont munis du même moteur, mais celui-ci fournit la totalité de ses 1 425 cv. Ils sont destinés à assurer les missions de transport militaire de troupe et de fret, à conduire des missions d'assaut et aussi de sauvetage et d'évacuation. Les dimensions intérieures et extérieures sont les mêmes que pour les versions précédentes, mais alors que les appareils polaires n'emmènent que douze blessés couchés ou quatorze hommes de troupes, en plus de l'équipage de deux hommes, les H-21B et C peuvent emporter vingt hommes. Le nombre de blessés couchés ne reste le même que pour des raisons d'espace disponible.      


H-21C "Banane" appartenant à l'aviation légère de l'armée de Terre photographié au cours d'une opération en Algérie en 1958.
Source: La revue l'Encyclopédie de l'Aviation n°63 aux éditions Atlas 1983.


Une autre version de l'appareil, enfin, était exclusivement civile et devait pouvoir recevoir vingt passagers si ceux-ci acceptaient de prendre place dans les sièges de l'armée, ou seulement seize ou dix-neuf s'ils exigeaient des fauteuils type "liner". Désigné HP-42, ce type a obtenu son certificat de navigabilité en 1956.
Nous terminons pas sans mentionner que le H-21 est détenteur des records de vitesse avec 236 km/h et d'altitude avec 6 770 mètres. Qu'un même appareil s'octroie deux records aussi importants et significatifs prouve, de la part de celui-ci, une incontestable valeur.


Le Piasecki H-21 "Work Horse" (PH-42), est un hélicoptère bi-rotor en tandem, monomoteur à voilures tournantes contra-rotatives et train d'atterrissage tricycle susceptible d'être muni de flotteurs.
Source de la photo: La revue Aviation Magazine n°89 de janvier 1954.


"" Le plus grand hélicoptère du monde ""
Source : Fiche technique Edito-Service S.A. (Photo SHAA). 

En 1946, l'Air Force américaine signa, avec la firme Piasecki Aircraft, un contrat portant sur un hélicoptère à rotors en tandem, en vue de l'employer pour des missions SAR (recherche et sauvetage). Le Piasecki Model PV-15 reçut en juin 1948 la désignation XH-16. Le H-16 était alors le plus grand hélicoptère du monde. Son fuselage avait une capacité équivalente à celle du Douglas DC-6/C-54, plus récent. Équipé à l'arrière, d'une rampe de chargement, il pouvait accueillir jusqu'à quarante hommes de troupe ou trois camions légers.
Du H-16 au XH-27 : La commande de l'US Air Force portait sur deux prototypes. Le premier était propulsé par deux moteursà pistons Pratt & Whitney développant une poussée de mille six cent cinquante et un chevaux. Il effectua son premier vol en octobre 1953. Avant même l'issue de celui-ci, le second prototype, en cours de construction en octobre 1952, fut modifié, doté de deux turboréacteurs Allison de mille huit cent un chevaux, et redésigné XH-27 puis YH-16A. Il effectua son vol initial en 1955.
Veto sur le Vertol : L'US Air Force renonça à employer le H-16 à des fins opérationnelles, et envoya le YH-16 à l'US Army pour de nouveaux essais. L'US Army entreprit de transformer tous les appareils pourvus de moteurs à pistons en hélicoptère à turbine. En dépit de cette amélioration et l'augmentation de sa capacité jusqu'à cinquante hommes de troupe, le programme du H-16 fut abandonné en 1956.
Principal pays utilisateur : USA.

"" Caractéristiques du Vertol H-16 "Transporter" "" 
Type : Hélicoptère prototype bimoteur.
Moteurs : 2 Pratt & Whitney R-2180 de 1 650 ch.
Performances : Vitesse maximale, 205,95 km/h; vitesse de croisière, 160,90 km/h; plafond pratique, 5 486,40 m; distance franchissable, 337,89 km.
Dimensions : Diamètre du rotor, 25 m; envergure, 23,64 m; hauteur, 7,62 m.

Une des premières photos en vol du Piasecki YH-16 "Transporter", on voit bien la longueur du fuselage.
Source: La revue Aviation Magazine n°87 de décembre 1953.

Le Piasecki YH-16 "Transporter", à deux moteurs Pratt & Whitney R-2180 de 1 650 cv. Cet appareil, était capable d'emporter 40 hommes de troupes, 40 blessés sur leur brancard ou trois jeeps, a été équipé, dans une nouvelle version de deux turbopropulseurs Allison T-38 de 2 750 cv.
Source: La revue Aviation Magazine n°84 d'octobre 1953.



"" Piasecki / Vertol ""

Source : Le site web www.avion legendaires.net

En 1956, Piasecki Helicopter change de nom pour devenir Vertol (pour Vertical Takeoff and Landing). La même année, accompagné d'un U-1A Otter aménagé en avion citerne, le "Shawnee" effectue deux premières pour un hélicoptère : le ravitaillement en vol et le premier vol transcontinental sans escale, de la côte Atlantique à celle du Pacifique.
En plus des forces aériennes des Etats-Unis, de la France et du Canada, le Japon et la Suède (désignation HKP-1) se portèrent acquéreurs d'hélicoptères Workhorse. Une trentaine de H-21C furent également construits sous licence par l'entreprise Weser Flugzeugbau pour le compte de la Bundeswehr, la force de défense fédérale d'Allemagne de l'Ouest. Plusieurs entreprises aériennes, notamment New York Airways, Domination Helicopters au Canada et Sabena en Belgique, firent l'acquisition de la version commerciale du H-21, désignée Vertol 44.


"" Les "Bananes volantes" en Algérie ""


Source : La revue l'Encyclopédie de l'Aviation n°63 aux éditions Atlas 1983. 

Avec l'aviation légère, l'hélicoptère constitua, tout au long du conflit algérien, le principal moyen de lutte contre l'insurrection. Engagées tout d'abord de manière isolées ou en petits paquets, les voilures tournantes furent progressivement mises en oeuvre par unités complètes, certains de ces engins assurant même, grâce à un armement puissant, l'appui-feu des opérations héliportées.


La FR 49, portant l'inscription Marine en lettres noires et la lettre de rang B sur la dérive, l'une des trois premières "Bananes", cédées par l'Alat en août 1956. Sa carrière allant s'achever dans un accident le 8 novembre 1956 (Source ECPA). 
Citer au début, l'insigne des Hélicoptères la Flottille 31F.
Source des deux photos: Collection personnelle de Jean-Pierre Boespflug.


"" Les Sikorsky H-34 et les Piasecki H-21 ""
Les affrontements de 1955 avaient cependant montré la nécessité d'une rénovation du matériel volant si des résultats plus importants voulaient être obtenus. C'est la raison pour laquelle l'état-major de l'armée de l'Air chargea le capitaine Santini de parcourir les Etats-Unis en vue d'y découvrir l'hélicoptère le mieux adapté à l'Algérie. 
Procédant par élimination, cet officier sélectionna, au bout du compte, deux machines : le Sikorsky S-58, ou H-34 dans sa désignation militaire (voir le blog au sujet de cet hélicoptère en date du 29/10/2015), et le Piasecki H-21. Le chois de l'état-major se fixa sur le premier, qui semblait, aux yeux des responsables de l'armée de l'Air, offrir les plus grandes possibilités, notamment en matière de charge utile.
Cet hélicoptère était, il est vrai, un engin aux performances remarquables que l'armée américaine utilisait en grandes quantités.
Mettant en oeuvre un équipage de trois hommes, il était propulsé par un moteur Wright R-1820-84 développant 1 525 ch, qui lui permettait de voler à plus de 160 km/h en croisière. Son poids à vide atteignait 3 468 kg et sa charge utile 2 565 kg, soit trois fois plus que celle du H-19.
Quant à l'armée de Terre, elle se prononça en faveur du H-21, qui y reçut le surnom de "Banane", en raison de sa configuration très particulière. Équipé de deux moteurs Wright de 1 425 ch chacun, cet appareil était capable de transporter dix-sept hommes sur une distance de 580 km à la vitesse de croisière de 163 km/h. Son poids à vide se situait à 3 926 kg et sa charge utile pouvait être portée à 2 879 kg.  

Dépose d'un moteur.

Vue sur un rotor.
Collection personnelle de Jean-Pierre Boespflug.



Grâce à l'entrée en service, au cours du premier semestre de 1956, des Sikorsky H-34, l'armée de l'Air fut en mesure de former un escadron d'hélicoptères lourds, le 1/58, qui fut rattaché au groupement mixte d'hélicoptères. Quant à l'armée de Terre, elle perçut ses premiers H-21C au cours du mois d'août de la même année, ce qui lui permit d'opérer la relève de ses H-19 (voir le blog au sujet de cet hélicoptère en date du 17/03/2016)  et ne l'empêcha nullement d'acquérir des H-34.
L'apparition de ces nouvelles machines donna la possibilité aux responsables du maintien de l'ordre d'affecter à chaque type de mission un engin particulier. C'est ainsi que les Bell 47G furent réservés à l'évacuation sanitaire, les H-19 prenant à leur compte le transport du fret ou des blessés et le H-34 se chageant des tâches d'héliportage d'assaut, aussi bien de jour que de nuit. 


Bell 47, immatriculé en France, équipé de deux civières pour l'évacuation de blessés. Cet hélicoptère léger fut largement exporté et connut un grand succès malgré une relative sous-motorisation, qui en rendait le pilotage délicat dans certaines configuration de vol (photo ECP Armées, Paris).
Source: L'Encyclopédie Mach 1 volume 1 aux éditions Atlas 1979.


 
Superbe clichés de Piasecki H-21C.          Source: Collection personnelle de Jean-Pierre Boespflug.



Vers la fin de 1956, en vue de redonner aux unités une plus grande souplesse, l'armée de l'Air décida de subdiviser le groupement mixte en deux formations subordonnées pour l'emploi aux GATAC d'Algérie. C'est ainsi qu naquirent, le 1er novembre de cette année, tandis que disparaissait le GMH-57, les 2e et 3e escadres d'hélicoptères. 
En raison de l'efficacité dont firent preuve le H-21 et le H-34, l'action des formations d'hélicoptères put s'intensifier pendant que la mise sur pied de nouvelles unités s'accélérait. Au terme de l'année 1957, sur les deux cent quarante-neuf voilures tournantes contre les forces du FLN, quatre-vingt-dix-neuf appartenaient à l'armée de l'Air (20 Bell 47G, 16 Alouette II, 19 Sikorsky H-19 et 44 Sikorsky H-34), dix huit à la Marine (dix H-19 et huit Piasecki H-21) et cent trente-deux à l'armée de Terre (33 Bell 47G, 20 Westland S-55, 6 Sikorsky S-55, 5 Sikorsky H-19, 10 Djinn et 39 Piasecki H-21, plus 19 Alouette réservés à l'évacuation sanitaire et à la liaison).  



Merci Jean-Pierre pour ses deux dernières photos de H-21 qui étaient dans la Marine



"" Une maquette de H-21C tout en alu, rare ""
Maquette réalisée avec une planche de décalques Model Art qui porte le n° ART 72 034. Un dernier mot qui sera pour Jean-Pierre, je le remercie pour toute sa documentation, sans elle je ne pouvais faire l'article qui était consacré au Piasecki H-21 en service dans notre armée, merci Jean-Pierre.


 
 
 
 
 
 





Jean-Pierre / Jean-Marie



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