Boeing "Minuteman" I - II et III.


 


 


"" The weapon of deterrence ""

Maquette Monogram au 1/128.  Référence : Kit PS221.





Historique : Les cinq premiers paragraphes page 41, de l'Encyclopédie des Armes, aux éditions Atlas, Paris, 1984.

Les fusées et missiles d'aujourd'hui, par Bill Gunston, aux éditions Elsevier Séquoia, Bruxelles, 1979.



Réalisation maquette et photos par votre serviteur.



Historique : Le bombardement nucléaire du Japon par les Américains et le premier essai atomique soviétique ont inauguré une nouvelle ère : celle de la paix internationale par la terreur.

Les systèmes de missiles terrestres sont généralement classés en trois catégories : stratégiques, de théâtres et tactiques.

Le terme "stratégique" s'applique aux missiles qui ont des portées supérieures à 5 400 km; ils sont en conséquence désignés sous l'appellation de missiles balistiques intercontinentaux (en anglais, Inter-Continental Ballistic Missiles). Trois pays seulement possèdent des missiles de ce genre : les Etats-Unis, l'Union soviétique et la Chine. Dans le cas des deux premières puissances, chacune déploie plus de mille ICBM de divers types, qui se divisent en version lourde et légère selon leur taille, leur poussée et leurs performances. A ce jour, la Chine n'a déployé que quatorze ICBM et s'est engagée dans un programme de recherche et de développement pour renforcer la crédibilité de sa force de dissuasion.

Les missiles de théâtre sont des vecteurs dont les portées permettent d'atteindre des zones géographiques déterminées, telles l'Europe de l'Est ou de l'Ouest. Il s'agit des missiles balistiques à moyenne portée (en Anglais, Medium Range Ballistic Missiles), entre 1 100 et 2 800 km, et des missiles balistiques de portée intermédiaire (en Anglais, Intermediaie Range Ballistic Missiles) de 2 800 à 5 400 km. Le plus grand maître d'oeuvre de ces deux systèmes est l'Union soviétique, qui créa une force de quelque sept cents missiles dans les années soixante, auxquels elle assigna pour cibles éventuelles l'Europe, le Moyen-Orient et la Chine. L'Union soviétique fit également oeuvre de pionnier en ce qui concerne l'emploi d'IRBM mobiles. Le second maître d'oeuvre est la Chine, avec une centaine de MRBM et d'IRBM couramment déployés contre des objectifs. La France maintient dix-huit IRBM dans les installations du plateau d'Albion.

Les missiles tactiques ont une portée inférieure à 1 100 km. Ces systèmes d'armes se divisent en deux groupes : ceux qui sont utilisables à la proximité immédiate du front, les missiles d'appui tactique et ceux qui sont capables d'atteindre des objectifs à la portée maximale reconnue à leur catégorie dans ce système de classification, les missiles balistiques à courte portée (en Anglais, Short Range Ballistic Missiles).


En 1955, la décision de l'US Navy de mettre à l'étude un SLBM à propergol solide renforça l'intérêt de l'USAF pour ce mode de propulsion. Tout en acceptant comme priorité la mise en service d'ICBM à propergol liquide, on considérait de plus en plus ces systèmes d'armes comme beaucoup trop encombrants, compliqués, coûteux, hasardeux, vulnérables et bien trop lents quant au temps de réaction.

En février 1956, la WDD (1) mit le point final à une proposition pour un IRBM perfectionné à propergol solide, baptisé Project Q; en avril, le premier contrat pour l'étude de moteur fut signé avec le ARDC Power Plant Lab et en mars 1957, la WDD commença de raffiner les détails du Weapon System 133 et son vecteur, le Strategic Missile 80.

(1) : WDD Western Development Division (USAF).


Le vol d'essai d'un XSM-80 "Minuteman" I, construit par Boeing.

Source: Les missiles par Robert Berman et Bill Gunston aux éditions Bordas 1984.

En juillet 1957, fut prise la décision capitale de promouvoir le missile, dénommé à ce moment "Minuteman", au grade d'ICBM. Au début 1958, les RFP furent publiées; parmi les 14 soumissions, celle de The Boeing Compagny fut accepté en octobre.

Par la suite, Boeing Aerospace devint le premier adjudicataire pour l'assemblage et les essais et couronna vingt années de réalisations hors du commun par ce qui devint le principal et, virtuellement, le seul engin dissuasif basé à terre du monde occidental.

Au départ, il y avait de grandes zones d'incertitude. Comment fabriquer le corps de la fusée? Comment réaliser le TVC? (1) Quel(s) combustible(e) employer? Et même, comment déployer le missile? Aiguillonnée par la certitude que la deuxième génération d'ICBM à propergol solide comporterait des engins plus petits, plus simples, moins coûteux, ne nécessitait que le dixième du personnel et aurait un temps de réaction proche de zéro -- de sorte que le "missile press-bouton" fit son apparition dans les médias, la AFBMD (2), succédant à la WDD, décida de faire du Weapon System 131 un modèle de bonne organisation.

(1) : (TVC)  Contrôle de vecteur poussée -- déviation du jet pour contrôler la trajectoire d'un véhicule.

(2) : AFBMD Division Missiles Balistiques de l'USAF.  

Durant les cinq premières années, jusqu'en 1960, les capacités du système furent grandement développées grâce à des réductions progressives du poids de la tête pour des charges thermonucléaires données, à des RV (1) à bouclier thermique plus légers, à une meilleure technologie du propergol solide et aux perfectionnements apportés à la conception de la cellule. Pendant cette période, où Boeing travailla avec acharnement au développement et aux essais, surgirent en 1958-60, deux possibilités majeures, abandonnées par la suite. La première visait un "Minuteman" mobile déployé sur le réseau ferroviaire américain. Le SAC envisageait cinq squadrons, de dix trains chacun, chaque train comprenant 12 -14 véhicules dont 3 - 5 wagons de lancement abritant un missile chacun et équipés de toits ouvrant permettant de dresser le missile pour le tir. On procéda au repérage des environs des voies ferrées et, malgré les problèmes posés par les communications, ce projet fut décrété parfaitement réalisable (il eût en effet, été préférable aux silos, mais ceci est l'opinion de l'auteur).

(1) : RV Véhicule de rentrée.  

Lancement d'un "Minuteman" I non identifié en 1962. N'anneau de fumée, le nuage provoqué par le flux du moteur et le missile grimpant dans le ciel donnent une parfaite idée de la construction du silo.

Source: Les fusées et missiles d'aujourd'hui par Bill Gunston aux éditions Elsevier Séquioia 1979.

La deuxième projetait d'employer les trois étages selon différentes combinaisons, probablement mobiles pour arriver à un déploiement global de MRBM, d'IRBM et d'ICBM. Dans la réalité, seuls les Russes ont réalisé ce programme.

Pour réduire les risques, chacun des trois étages fut confié à une société différentes : le premier, Thiokol Tu-122 (M55), 90 720 kg de poussée; le deuxième, Aerojet-General, 27 216 kg; le troisième, Hercules, 15 876 kg.

Le combustible choisi pour le premier étage fut un mélange de liant polymère PBAA, d’oxydant AP et d'additifs de poudre d'aluminium; Aerojet choisi du Pu/AP. Les premier et deuxième étage furent fabriqués en acier D6AC et dotés de quatre petites tuyères qui, malgré le succès antérieur du TVC par déviateur de jet, furent tout simplement orientables, progrès important dans la propulsion à propergol solide. Hercules, après une longue compétition, emporta la construction du troisième étage, en faisant la démonstration des "performances supérieures" d'une autre nouveauté, le combustible Nc/Ng/AP contenu dans une enveloppe en fibres de verre tressées; le troisième étage reçut lui aussi quatre tuyères orientables.

En 1961, Aerojet réalisa un nouveau deuxième étage en titane forgé et usiné qui remplaça l'ancien, en acier. Autonetics se chargea du guidage par inertie, inaugurant la technologie dite "solid state" et les ordinateurs digitaux miniaturisés. Plus tard sur les "Minuteman"II, on utilisa pour la première fois la micro-électronique des circuits intégrés. Avco s'occupa du RVMk 5, plus petit et transportant une tête moins puissante (1,3 MT) que celles des ICBM de la première génération.

Le Boeing "Minuteman", engin intercontinental à poudre et à trois étages, qui a réussi son premier vol d'essai en juillet 1961. Plus de 950 étaient commandés ou livrés en 1964. Le poids au départ varie, suivant les modèles, de 27 200 à 31 700 kg (Photo Boeing Airplane Co).

Le moteur-fusée Aerojet, à quatre tuyères, du deuxième étage du "Minuteman".

Source des deux photos: Fusées et Astronautique aux éditions Larousse, Paris, 1964.


Le 15 septenbre 1959, jour prévu par Boeing, on mit à feu le moteur d'un missile attaché au fond de son silo pour prouver que celui-ci pouvait être un simple trou, sans conduits d'échappement. (Chaque "Minuteman" lancé a été précédé à sa sortie du sol, par un anneau de fumée s'élargissant rapidement jusqu'à 18 m de diamètre, suivi par les flammes et la fumée du premier étage, qu'il traversa ensuite sans avoir subi de dommages). En novembre 1959, de grandes installations furent édifiées à Hill AFB, Utah, pour l'assemblage et, ensuite, le recyclage de tous les "Minuteman".En mars 1960, on effectua le lancement virtuel d'un missile en ordre de marche. En juin 1960, le premier train transportant un système "Minuteman" mobile quitta Hill pour vérifier la compatibilité de l'ensemble avec le réseau ferroviaire et raffiner le système de communication. Le 1er février 1961, le premier vol libre remporta un succès complet, le missile franchissant 7 403 km. Mais, un peu plus tard, survint un échec spectaculaire : le premier tir réel depuis un silo se solda par l'explosion du missile juste à sa sortie du silo, ""la plus forte explosion jamais vue à Cap Canaveral"". Le programme n'en fut cependant pas retardée.

A la différence des précédents ICBM, le "Minuteman"fut déployé en wings pourvus de silos répartis sur de vestes zones, dépourvues de personnel si ce n'est deux officiers du SAC installés dans un LCC (centre de contrôle de lancement) souterrain, chaque LCC commandant un flight de 10 silos. La première base fut Malmstrom AFB, dans le Montana. Deux flights de 10 silos chacun atteignirent l'IOC (1) en décembre 1962; ils étaient équipés de HSM-80A, rebaptisés bientôt LGM-30A.

(1) : IOC Capacité opérationnelle initiale date approuvée à laquelle un système d'arme peut-être considéré comme capable d'être utilisé par des troupes, même s'il n'est pas entièrement développé ou si les troupes ne sont pas parfaitement entraînées.  

L'intérieur d'un silo de "Minuteman"II à Ellsworth, base de 44e Strategic Missile Wing. Un peloton comprend 10 silos et un centre de commande.

Tous les missiles "Minuteman" furent transportés par air ou par route dans des conteneurs spéciaux.

Source des deux photos: Les fusées et missiles d'aujourd'hui aux éditions Elsevier Séquoia 1979.


A cette époque, la fabrication s'était tournée vers le LGM-30B, un peu plus long et doté d'un deuxième étage en titane augmentant la portée. Il équipait quatre wings : à Ellsworth AFB, Dakota du Sud; à Minot AFB, Dakota du Nord; à Whiteman AFB , Missouri; et à Warren, tous installés autour du complexe d'Atlas démobilisés.

En septembre 1964, le premier LGM-30F "Minuteman" II fut lancé au Cap. C'était un missile plus long et plus lourd, doté d'un nouveau moteur de deuxième étage, l'Aerojet SR19 : diamètre accru et tuyère couverte comportant un TVC à injection de liquide.

Autonetics construisit le très nouveau système de guidage NS-11C à mémoire micro-électronique stockant les données de nombreux objectifs et augmentant la précision malgré la portée plus grande at la charge plus lourde. Les RV Avco Mk 11B ou 11C emportaient une de 2 MT et des Penaids (1) Tracor Mk 1 ou 1A, installés pour la première fois sur un missile américain. L'IOC au Wing VI de Grand Forks, Dakota du Nord, première base du "Minuteman" II, fut atteinte en 1966; ces missiles remplacèrent plus tard les "Minuteman" I. Au moment de la rédaction de cet ouvrage, on envisageait de conserver 450 missiles "Minuteman" II dans l'inventaire pendant plusieurs années, en les modernisant grâce à des RV Mk 12 ou Mk 12A, à un blindage amélioré et d'autres modifications.

(1) : Penaids Aide à la pénétration : dispositif destiné à tromper et à leurrer les défenses ennemies pour permette d'acheminer le cône de charge jusqu'à l'objectif.    

Un LGM-30 "Minuteman" III fonce vers l'Atlantic Missile Range après lancement en silo à l'AFMTC.

Source: Les fusées et missiles d'aujourd'hui aux éditions Elsevier Séquoia 1979.

Essai du "Minuteman", autre missile à combustible solide de "seconde génération". Comme Atlas, et Titan, "Minuteman" sera lancé à partir du sous-sol.

Source: Histoire de la fusée par Courlandt Canby au Cercle du Bibliophile, Paris, 1963. 

Ensilage d'un missile intercontinental "Minuteman" à la base aérienne de Vandenberg (Californie), en vue d'un essai de lancement.

Lancés depuis la base de Vandenberg, ces "Minuteman" ""mirvés"" laissent des traînées lumineuses au-dessus de l'atoll de Kwajalein, dans le Pacifique.

Source des deux photos: Les missiles aux éditions Bordas, Paris, 1984.

Le "Minuteman" III, LGM-30G, inaugura un nouveau troisième étage et un nouvel RV. Aerojet et Thiokol fabriquèrent conjointement le SR73 en fibre de verre, de 15 604 kg de poussée, de même diamètre que le deuxième étage et doté d'une tuyère unique à injection de fluide. Le nouveau système PBPS (Post-Boost Propulsion System) de Bell Aerospace comportait un moteur de 136 kg de poussée pour le contrôle avant-arrière, six de 10 kg pour le contrôle tangage-roulis et quatre de 8 kg, montés sur l'enveloppe, pour le contrôle de la rotation. Au départ, ceci assurait le contrôle d'altitude et de trajectoire d'un RV General Electric Mk 12 doté de trois MIRV (1) de 200 kT chacun. Depuis 1977, le Mk 12A a été mis en fabrication pour rééquiper une soixantaine des 550 "Minuteman" III logés en silos et le lot final de 10, construits pour faire tourner la chaîne jusqu'en octobre 1977. Le Mk 12A emporte trois tête W-78 de 350 kT ainsi que du matériel de brouillage et des leurres.

(1) : MIRV Véhicule de rentrée à ogives multiples indépendamment guidables vers leur objectif.

Le CEP (1) fut réduit à 366 m sur le Mk 12, et diminué encore presque de moitié sur le Mk 12A. Il n'y pas de fonds prévus pour doter le gros de la force de nouvelles têtes, ni pour employer les nombreux RV ultérieurs qui ont déjà testés.

(1) : CEP Erreur circulaire probable, mesure de la précision d'un missile ou autre projectile "Cercle d'égales probabilités" convient mieux car correspond au rayon du cercle à l'intérieur duquel la moitié des projectiles ont statistiquement des changes de tomber.


"" Caractéristiques LGM-30A etc... ""

Longueur : (A) 16,45 m, (B) 17,00 m, (F, G) 18,20 m, diamètre 1 840 mm.

Poids au lancement : (A, B) 29 400 kg, (F) 31 750 kg, (G) 34 500 kg (F et G modifiés légèrement plus élevé.

Portée : (A, B) plus de 10 000 km, (F) plus de 11 250 km, (G) 13 000 km.   

   

Un silo de "Minutemn" III et le LCC (centre de commande de lancement-2 opérateurs) qui peut, en fait, se trouver loin des 10 silos qu'il commande. On ne voit pas grand chose au-dessus du sol sauf la cheminée du LCC, le système de surveillance du silo et le couvercle en béton (ouvert). A l'intérieur du silo, le missile repose sur un support amortisseur. Pour lancer un missile, les deux officiers dans le LCC doivent chacun ouvrir un coffre, en retirer une clef et, ensemble, tenir leur clef ouverte pendant 2 secondes.

Source: Les fusées et missiles d'aujourd'hui aux éditions Elsevier Séquoia 1979.

Le "Minuteman" III peut porter non seulement des charges nucléaires, mais aussi des équipements de communications destinés à compenser les destructions consécutives à une attaque.

Source: L'Encyclopédie des Armes, volume 1, aux éditions Atlas, Paris, 1984.


"" La modeste maquette Monogram ""

Je dis modeste, car cette petite maquette du "Minuteman" II au 1/128, se compose en tout de trois pièces. C'est le seul fabriquant ayant sorti ce missile, je n'en vois pas d'autres. A signaler dans cette boîte une photo de chaque missiles sur un dépliant.

Je remercie Alain pour l'acquisition de cette boîte de missile, ainsi que l'autre boîte, référence : 6019-0300 au 1/144 sur les missiles Russes et Américains. Il y a le "Minuteman" III.

La marque Dragon sort actuellement tout une gamme de missiles super-détaillés au 1/35, le Lance par exemple, dont j'ai fait l'acquisition grâce à Alain.



Jean - Marie



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